Frédéric Norel - Dreamseekers

Sorti le: 05/06/2009

Par Jérémy Bernadou

Label: Mélisse Music

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Malgré son expérience dans la composition de musiques de film et de théâtre ainsi que de nombreuses collaborations (Louis Sclavis, Biréli Lagrène, Médéric Collignon…), Frédéric Norel n’a jamais enregistré d’album à son nom. Ce Dreamseekers présente un musicien plein de ressources et déjà d’une grande maturité. Le maître de cérémonie joue du violon, ce qui est finalement assez rare pour être signalé, les « premiers rôles » dans le jazz étant plus facilement donnés aux pianos et autres saxophones. On est cependant loin de Stéphane Grappelli ou Didier Lockwood. Ici, la priorité est laissée aux ambiances, à toutes ces riches atmosphères qui, mises bout à bout, s’apparentent à un véritable voyage. Une instrumentation inhabituelle est là pour appuyer ces propos : pas de batterie, mais des discussions croisées entre le violon et la clarinette notamment (tenue par Jean-Marc Foltz), qui mettent en lumière des timbres étonnement complémentaires. A ce titre, le final de « Naissances » constitue un des sommets insoupçonnés de Dreamseekers.

Frédéric Norel montre à quel point des thèmes simples peuvent prendre leur envol sans esbroufe. L’aspect mélodique est toujours privilégié mais ce côté conventionnel est directement remis en cause par la singularité des arrangements. Si certains reprocheront un manque de « folie », ces paradoxes accentuent, sans excès, l’attachement que provoque le disque. Ce type de procédé permet au quintette d’intensifier toutes ses sonorités. « Nuit après nuit », par exemple, confronte l’auditeur à un climat désolé. L’aspect épuré de l’ensemble et surtout le soin apporté à la production permettent à ce disque de se démarquer. Alors que les nappes de synthés auraient pu tendre vers la facilité, le claviériste Benjamin Moussay livre un discours toujours limpide et efficace. Il s’agit d’un jazz préférant les lignes très travaillées aux improvisations hermétiques. Même si la forme diffère, la démarche de Sophia Domancich n’est pas très éloignée, notamment pour ce qui est de l’importance de la composition et du travail harmonique. Chaque détail semble avoir été longuement pesé, ce qui explique l’efficacité d’un album qui n’a pas besoin d’un nombre incalculable d’écoutes pour vous donner le sourire. Bref, du jazz serein et lumineux, idéal pour cette période de l’année !