Pete M. Wyer - Stories from the City at Night

Sorti le: 24/03/2009

Par Jérémy Bernadou

Label: Thirsty Ear / Orkhestra

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Quel plaisir d’être surpris ! Quoi de plus intéressant que de se laisser charmer par un disque dont on n’attendait absolument rien ? A première vue, ce premier album d’un illustre inconnu n’a rien d’exceptionnel. Pete M. Wyer a débuté en tant que guitariste pour se tourner plus tard vers la composition, que ce soit pour l’opéra, le théâtre et autres ensembles variés. Bref, le monsieur n’en est pas réellement à son coup d’essai.

La qualité sonore de l’ensemble surprend : tous les éléments s’enchaînent à merveille, le travail de production se ressent, gratifiant ainsi l’album d’une cohérence accrue. Car sur le papier, l’ambition de Stories from the City at Night a de quoi laisser perplexe : une histoire – ou plutôt « des » histoires – racontées en anglais avec un accompagnement musical… Ce genre d’initiative a été déjà amplement traité par le passé, et on retient finalement que peu de chef-d’œuvres. La faute certainement à cette dualité texte/musique difficile à maîtriser. Or ici, aucun des deux ne prend le dessus. Voix et musique se complètent pour former un tout d’une rare intensité.

Ce disque traite des recoins de New York et de ses milles facettes, de tout ce qu’il peut s’y passer lors d’une nuit sombre et pluvieuse. Alors certes, l’objet perd en partie de son intérêt pour les non-anglophones, mais la musique est tellement expressive et variée qu’elle constitue un voyage à elle seule. Le premier titre, « Rain at Night », d’une durée de dix-huit minutes, possède l’envergure des suites progressives d’antan, même si le matériau musical présenté ici est sensiblement différent : on passe d’une guitare acoustique triturée, entre folk et improvisation jazz, à des chœurs qui remplissent l’espace sonore sans aucun excès.

Les récitants se succèdent, jusqu’à parfois pousser la chansonnette comme sur « Nobody » ou « Dina’s All Night Diner » qui semble sortir tout droit d’un bon vieux Tom Waits, sombre, poisseux et poussiéreux à souhait. Certes, cet album comporte quelques longueurs, comme ce « Night Ride by Subway Car » qui n’apporte pas grand chose à l’ensemble sans pour autant paraître hors de propos, ou l’aspect ambient et new age trop appuyé de « Pier 45 Pt 1 ». Ceci dit, Pete M. Wyer reste un connaisseur qui sait gérer toutes ses influences avec goût, tout en restant relativement facile d’accès. Bref, cette galette est un véritable livre ouvert à l’image de la ville qu’elle décrit : attachante et pleine de surprises.