Manning - Number Ten

Sorti le: 13/02/2009

Par Jérôme Walczak

Label: Festival Music

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Le membre de The Tangent revient une année environ après le réussi Songs from the Bilston House, mâtiné d’ambiances celtiques, de refrains entraînants, qui avait très honnêtement fait plutôt bonne figure dans le petit monde du néo-progressif. Ce précédent album, au concept de surcroît assez amusant, était de ceux dont seuls les authentiques amateurs de progressif ont le secret : une maison abandonnée, une pancarte énigmatique, un singe. Vous mêlez le tout, et vous obtenez une oeuvre honorable, qui, et c’est néanmoins un fait, n’a guère résisté aux assauts du temps (« ça vous apprendra à vous emballer ! », miaule la patronne de contentement).

Il est à craindre que ce Number Ten connaisse le même destin, à croire que le Downing Street (cf la pochette : dixième album, Downing Street… vous saisissez la conceptualitude ? – « Pas de néologisme, crénom ! » hulule la correctrice…) inspire encore moins qu’une baraque de jardinier paumée aux larges de la Mer d’Irlande, même en y adjoignant un arc en ciel et une galaxie pour faire plus prog’… C’est une écoute hasardeuse de faces B, sans reliefs, sans émotions, sans beaucoup de mélodies, hormis une ballade au demeurant fort jolie (« An Ordinary Day »), qui ne représente qu’une petite friandise alors qu’on attendait le Saint Honoré et la bise du chef. Les titres sont mal organisés entre eux, c’est même un vrai bazar dans lequel il est aisé de s’y perdre : un coup de jazz mâtiné de soul music par ci («  The Final Chapter  » en piste deux, allez comprendre), des morceaux typés années quatre-vingt par là, un coup de flûte, deux pincées de claviers dégoulinants, une voix qui minaude (« Bloody Holiday ». Note pour la prochaine fois, ne jamais critiquer la voix d’un chanteur. Après, il essaie d’imiter les Bee Gees…).

En résumé, ce dixième album ressemble aux pires albums de The Tangent, et Dieu sait s’il y en eut : rien de mémorable, pas de structure, un concept inexistant. Dommage, on aime bien le bonhomme, un petit coup de fatigue, sans doute, mais retenons la leçon : quand on n’a rien à dire, on se tait (« Prends-en de la graine ! » sourit la patronne en compulsant, les larmes aux yeux, ses plannings de chroniques en retard…).