Echolyn - Cowboy Poems Free (rééd.)

Sorti le: 27/01/2009

Par Jean-Philippe Haas

Label: Autoproduction

Site:

Cowboy Poems Free marque la renaissance discographique d’Echolyn après les cinq années de silence discographique qui ont suivi le fiasco de leur collaboration avec Sony. Revigorés par de nombreux projets parallèles, les Américains sont décidés à en découdre avec le nouveau millénaire.

Fidèle à ses habitudes, le quintet a concocté une ouverture énergique. Le puissant riff asymétrique de « Texas Dust » laisse entendre que l’album sera complexe et rageur. Extraordinairement mélodique, moins sophistiqué que As the World, ce disque se suit au contraire sans difficulté, telle une rivière dont le paisible ruissellement des eaux nous bercerait, et qui parfois au détour d’une déclivité prendrait quelque vigueur bienvenue. Peu enclin à se répéter, Echolyn appose toutefois discrètement son tampon : le jeu de guitare de Kull est reconnaissable entre mille, tandis que sa voix et celle de Ray Weston se croisent et s’interpellent comme à l’accoutumée. Emouvant ( « 67 Degrees », « 1729 Broadway »), groovy (« Human Lottery », « Britanny »), furieux (« American Vacation Tune »), voire presque dansant (« Gray Flannel Suits ») Cowboy Poems Free tranche dans le vif du sujet, sans égarements inutiles comme l’illustre encore « High as Pride » et ses faux-airs de tube à la Pink Floyd.

De petites perles presque entièrement instrumentales appelées « Poems » survolent et aèrent un disque efficace et plutôt compact pour une œuvre progressive. Les références à Gentle Giant et aux années soixante-dix se font donc beaucoup plus discrètes au profit d’un rock plus direct typiquement d’outre-Atlantique, avec quelques clins d’œil à l’americana, ce qui n’est guère étonnant si l’on considère le thème de l’album : un « certain regard » sur l’Amérique et son histoire. Malgré cette touche live et une plus grande sobriété de la part de Christopher Buzby (claviers), la majeure partie des titres tourne pourtant le dos aux structures classiques et les changements restent nombreux et imprévisibles. On ne se refait pas…

Le travail effectué sur cette nouvelle version par Brett Kull permet à Cowboy Poems Free d’atteindre les plus hauts standards sonores, voire de rivaliser avec son prédécesseur. Pour ceux (et ils sont probablement nombreux) qui auraient raté l’album à sa sortie en 2000, cette réédition est un prétexte tout trouvé pour se frotter au « son » Echolyn, en attendant un nouvel album qui ne saurait tarder.