Papier Tigre - The Beginning and End of Now

Sorti le: 08/12/2008

Par Jérémy Bernadou

Label: Collectif Effervescence

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A peine deux ans après sa création, Papier Tigre a déjà parcouru beaucoup de chemin. Leur premier album sorti en 2007 leur a permis de jouer sur de nombreuses scènes, dont une première partie remarquée de Battles. Les Nantais reviennent tambours battants avec cet album aussi court (seulement trente-quatre minutes) qu’intense. Leur personnalité, déjà bien affirmée, les fait toujours osciller entre les grands groupes expérimentaux des décennies précédentes (Sonic Youth, The Ex…) et la nouvelle vague de math rock qui compte toujours plus d’adeptes.

Et pourquoi faire compliqué quand on peut faire simple ? En effet, la musique du trio va directement à l’essentiel, chatouillant nos chastes oreilles où ça fait mal : morceaux courts, montées en puissance jouissives (le final de « Health and Insurance »), riffs simples mais jamais simplistes… Une formule taillée pour les concerts et qui s’avère également très efficace sur disque. Les deux guitares se complètent, alternent les lignes mélodiques et leur rôle rythmique, afin que que l’absence de basse ne se fasse pas sentir. Leur son riche, tour à tour feutré, haché ou strident (« Pricing ») apporte ce côté vif et rugueux, typiquement math rock, qui se retrouve néanmoins transfiguré sous les doigts des trois Français.

Cette énergie en trio leur permet de gagner efficacement en intensité, tant l’ensemble sonne de façon dynamique : le batteur au jeu fin et pêchu complète le tableau en accentuant cette impression. La production, issue d’une collaboration avec Iain Burgess (Shellac, Big Black, Ministry), rend justice à la musique : un son sale et direct qui leur sied à merveille. Ainsi, les arpèges improbables de « Scribble » et les différents crescendos qui ponctuent les compositions s’imposent de façon d’autant plus spontanée à l’auditeur, fait rare dans un genre ayant tendance à chasser le naturel.

Le chant, parfois proche du parlé, ne fait que confirmer l’aspect accompli de la formation : chaque détail a été pesé, de façon à ne garder que le principal : inutile d’en faire des tonnes. L’album comporte aussi des essais plus expérimentaux qui s’intègrent au reste sans dénaturer l’ensemble, en témoigne le superbe « A Killer Gets Ready » et son travail sur les sonorités. Subtile évolution d’un grand groupe ne faisant que confirmer tout le bien que l’on pensait déjà de lui.