King of Agogik - Aleatorik System

Sorti le: 17/03/2008

Par Aleksandr Lézy

Label: sAUsTARK Records

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King of Agogik est le projet solo du batteur allemand Hans Jörg Schmitz. Et pour comprendre la démarche de ce musicien, il est bon de savoir ce que signifie l’agogique, qui n’est autre que le néologisme de l’allemand agogik proposé en 1884 par un certain H. Riemann désignant la doctrine du mouvement dans l’exécution musicale. En clair : « les légères modifications de rythme ou de tempo dans l’interprétation d’un morceau de musique de manière transitoire, en opposition à une exécution exacte et mécanique ». Après Membranophonic Experience sorti en 2006, King of Agogik se manifeste à nouveau avec Aleatorik System, un deuxième album aussi fourni que démonstratif.

Tourné essentiellement autour de la batterie, Aleatorik System est un énorme patchwork d’idées de styles (entre neo et metal prog old school) et de différentes techniques musicales. Totalement instrumental à l’exception d’un passage avec quelques borborygmes, le chant n’a ici pas lieu d’être. L’auditeur devra se confronter à la complexité de certains patterns de batterie ensevelis sous des accompagnements de guitares, de basse et de synthétiseurs prodigués par The Royal Players dont Hans Jörg est le roi.
Les morceaux courts composés autour d’une seule idée comme « 138 » ou « One Minute Psycho Waltz » côtoient des morceaux plus longs voire très longs comme « Call in S » ou « Slow Sinking Sand ». Deux morceaux, « Aleatorik Suite » (dix minutes) et « The Long March of the Royal Fifth » (vingt-deux minutes), assurent le principal intérêt du disque, faisant immerger de l’iceberg (près de quatre-vingt minutes) des riffs puissants et originaux dans des styles divers. Si quelques passages s’avèrent inutiles voire inintéressants, certains sont palpitants rythmiquement, en comptant le groove, les polyrythmies dissimulées et la fameuse et perpétuelle agogique. A cela s’ajoute un exercice périlleux, et à la fois très ludique pour l’auditeur, celui de cacher dans les morceaux des petits clins d’œil d’autres groupes : Muse, Toto, Genesis, Queens of the Stone Age et d’autres à rechercher comme Charlie.
La production est quant à elle mitigée. Chacun conviendra qu’il est difficile de faire sonner une batterie tant les éléments qui la constituent sont nombreux. Pourtant, la batterie de Hans claque et résonne de mille feux entre son lot de cymbales et de fûts. Le problème réside dans ce qui l’entoure, classique, un peu brut et daté, ne la mettant pas en valeur au final. Mais, impossible d’en vouloir au travail « fait maison » un peu froid, quand la qualité musicale toute relative est présente.

On peut parler de moments de batterie exceptionnels, Hans possède un jeu vraiment impressionnant, expressif et inventif, qui fait tout l’attrait de ce disque, mais on ne peut pas généraliser cette appréciation à l’ensemble de sa musique. King of Agogik se résume à beaucoup de tout et de rien sans jamais explorer pleinement les innombrables et bonnes idées qui le caractérisent. Et c’est peut-être là que se trouve le décalage, l’agogique dans un système aléatoire.