The Tangent - Not as Good as the Book

Sorti le: 03/03/2008

Par Jean-Philippe Haas

Label: InsideOut Music

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Refiler des éruptions cutanées à Nicolas Ungemuth est sans doute le seul plaisir qu’il reste aux babas cools crasseux, amateurs d’albums conceptuels et de pochettes ridicules. Un plaisir fantasmé, toutefois, puisque que cette éminence grise de Rock & Folk ne lira sans doute jamais le présent article, écrit par l’un de ces consanguins évoluant dans son microcosme d’attardés anachroniques… trop occupé, le Nico, à relever son patron, parti temporairement vers d’autres aventures dans le royaume du bon goût.

Et puis, le petit Nicolas frôlerait l’alerte cardio-vasculaire rien qu’avec la pochette de ce Not as Good as the Book. Pensez donc ! Un hippie ! Cheveux longs, bonnet, pendentif peace & love. Et c’est à peine si on ose songer à la crise d’apoplexie que provoquerait l’écoute de l’album ! Deux disques de pur rock progressif à l’ancienne ! Et dans l’édition limitée, le roman inspiré par la musique (car, oui, par-dessus le marché, il y a un concept !), écrit par le cerveau du groupe, Andy Tillison. Mais non. Il serait mesquin de souhaiter une jaunisse à cet ambassadeur du true rock and roll.

Revenons à nos moutons. C’est par un néo prog en bonne et due forme (« A Crisis in Mid Life ») que s’ouvre Not as Good as the Book. Circonscrit en majorité dans la première moitié des années soixante-dix, l’album pioche sans états d’âme dans l’art rock et le Canterbury, entre Yes, Jethro Tull, Caravan (« Lost in London Twenty Five Years Later »), Genesis (« The Full Gamut ») mais aussi Pink Floyd, Renaissance et quelques autres. Parfois, au milieu de cette déferlante de lyrisme et d’envolées en tous genres, la machine s’emballe réellement (« Celebrity Purée », « Bat Out of Basildon ») pour mieux revenir se poser ensuite sur les territoires de la grandiloquence. Quelques retours à la case néo prog (« The Ethernet », « Not as Good as the Book »), et le tour est joué : Not as Good as the Book défie par sa superbe les lois de l’évolution musicale.

Comme de coutume chez The Tangent, une belle artillerie est déployée : de la flûte, du saxophone, de l’électrique, de l’acoustique, des chœurs bien sentis, une voix féminine franchement bienvenue (d’autant que celle de Tillison, assez quelconque, n’est pas le meilleur vecteur pour la musique qu’il compose)… et même un sang neuf dans le groupe en la personne du guitariste Jakko M Jakszyk. Il est malgré tout cela difficile de s’enthousiasmer véritablement pour cette heure et demie de musique qui, en plus de tourner en rond, contient inévitablement du déchet. En somme, cet album réalise un très esthétique surplace, propre à émouvoir les amateurs de prog’ classique, et eux seuls.

The Tangent – mais il serait plus juste de dire Andy Tillison – souffre du syndrome Flower Kings : le groupe a tendance, avec grâce et dignité, certes, à se mordre la queue, à la différence d’autres formations comme Phideaux, qui elles, savent apporter une touche de modernisme à un ragoût cuit et recuit. Nicolas sourirait probablement, s’il nous lisait…