The Tangent - Auto Reconnaissance

Sorti le: 17/08/2020

Par Florent Canepa

Label: InsideOut Music

Site: https://www.thetangent.org/

Le prolixe Andy Tilllison est déjà de retour avec un nouvel album faisant suite au funky Proxy. Cela en dit long sur l’avaleur de studio qu’est notre ami Anglais. En ces temps pandémiques, il est vrai que les perspectives de concert se réduisant comme peau de chagrin, il semble plus gratifiant de nourrir ses fans avec de nouvelles livraisons discographiques… Faussement « classique » dans son enveloppe, Auto Reconnaissance démarre en clin d’œil appuyé à Yes (« Life on Hold »). On retrouvera aussi cette ambiance très vintage sur plusieurs titres comme « The Tower of Babel », petit groove à l’ancienne digne de séries télé des années 70. Mais cela ne s’arrête pas là. Le talent d’Andy Tillison, c’est aussi et surtout de raconter des histoires, souvent drôles et cocasses, en y intégrant par exemple les voix des personnages qu’il croise au gré d’une ballade new-yorkaise (« Jinxed in Jersey », improbable melting-pot de quinze minutes de jazz, jungle, électronique, saxophone, flûtes ou même guitares acérées).

Il faudra vraiment apprécier cette nouvelle livraison à cette aune, c’est-à-dire en se plongeant dans les paroles – comme un livre – afin de ne pas passer complètement à côté. Mélodiquement, on pourra tout de même se réjouir des guitares tout en retenue mais fort à propos du désormais totalement intronisé Luke Machin ou encore des volutes saxophone de Théo Travis, compagnon d’armes de Soft Machine. Au cœur du dispositif de l’album, « Lie Back and Think of England » est une pièce épique et fleuve de vingt-huit minutes, centrée sur le Brexit, qui sera totalement rédhibitoire pour les allergiques au prog-isme mais délectable pour ceux qui chérissent l’exercice. Discours du Parlement et interjections du peuple rythment une analyse large du système politique britannique. Pour les courageux qui tiendront la distance, le maître des lieux s’aventure même dans quelques passages en Français !

Auto Reconnaissance n’est donc pas pour tout le monde. Certes, quelques élans pop ciselés sont tout à fait abordables pour le profane (la ballade piano « Under your spell » ou la soul chaloupée de « The Midas Touch », pas si loin des Bee Gees !). Mais il faut bien reconnaître que, comme le dit Andy dans un de ses pamphlets, ce sera maybe / maybe not the album where I break through. Mais là n’est pas la question car la vérité est dans le chemin d’Andy… même sinueux !