Saga - 10.000 Days

Sorti le: 05/11/2007

Par Christophe Gigon

Label: InsideOut Music

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Voilà le dernier album de la formation de Toronto avec son charismatique chanteur Michael Sadler. Le dernier baroud d’honneur précédant la tournée d’adieu qui débute cet automne et se terminera par le dernier concert de Saga en Allemagne le 05 décembre 2007 (plus d’informations à ce sujet sur www.sagaontour.ca). Le départ de Michael Sadler après trente ans de bons et loyaux services ne signifie pas pour autant la fin du groupe. D’ailleurs, Michael part le cœur léger, sans amertume ni rancœur et sans évoquer les sempiternelles divergences musicales ou les fréquents problèmes d’égo. Rien de tout cela ici, Sadler veut simplement donner une nouvelle direction à sa vie en profitant davantage de sa famille. Il restera toujours dans la musique, annonce-t-il sans ambiguïté mais en se gardant bien d’être plus précis quant à de potentiels projets futurs. 10.000 Days n’est pas un concept album contrairement à ce que son titre pourrait laisser penser. Ce nombre fait tout simplement référence à la somme cumulée de jours d’existence de Saga ! La pochette du disque, avec la célèbre tête d’insecte mutant futuriste gisant à même le sol, attendant d’être observée, analysée et dépecée par d’avides scientifiques (ou cosmonautes ?) est naturellement un clin d’œil à l’imagerie usuelle du groupe durant ses trente années d’existence.

Et la musique dans tout ça ? Du Saga typique. Pouvait-il en être autrement comme cadeau d’adieu ? Tous les ingrédients de la musique à la sauce Saga sont présents : la voix très typée de Sadler, la guitare virtuose de Ian Crichton, les claviers sautillants de Jim Gilmour, le tout arrangé et produit par le maître queux Jim Crichton, garant de la marque de fabrique sonore de la formation. Du Saga clef en main, en somme. Si on met de côté les horribles et sirupeuses balades « More Than I Deserve » et « 10.000 Days », hommages gentillets et nostalgiques de Sadler à ses bien-aimés fans, l’ensemble de l’album est plutôt énergique et moderne dans sa forme bien que cette ultime production (avec l’équipe actuelle) ne rajoutera aucun crédit supplémentaire à la formation d’outre-Atlantique. Loin s’en faut ! Saga se répète à l’envi et on en vient presque à souhaiter que le départ de Sadler donne un souffle nouveau au groupe afin qu’il ne nous propose pas 10 000 jours de plus de la même musique, aussi originale et unique fut-elle à l’époque. Il sera donc intéressant d’aller voir, pour la dernière fois, Saga dans cette composition lors de leur tournée d’adieu, plus par hommage pour « services rendus à la cause progressive » que pour le réel intérêt de ce dernier album standard jusqu’à l’outrance, extraordinairement ordinaire.

Il est bien évident que le fan ultime de la formation canadienne ne pourra s’empêcher de se porter acquéreur dudit objet, surtout pour le côté symbolique d’un tel acte compulsif : acheter le dernier Saga constitue ainsi un moyen tangible de remercier Michael Sadler pour trente années de bonne musique (avec des années médiocres, il faut cependant bien l’avouer) tout en encourageant le groupe à continuer dans une voie nouvelle. Ce changement dans la carrière de Saga n’est pas une triste fatalité, au contraire, c’est peut-être le dernier moment pour l’équipe de démontrer qu’il peut proposer autre chose que des redites plus ou moins réussies de ses albums mythiques du début des années quatre-vingt. Si les musiciens oeuvrent dans cette voie, on les soutiendra. Sinon, ce sera bel et bien la mort de cette longue saga.