Saga - The Human Condition

Sorti le: 27/04/2009

Par Christophe Gigon

Label: InsideOut Music

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En 2007, Saga offrait à leurs fans apeurés leur dernier album 10 000 Days avec l’excellent Michael Sadler. Leur chanteur originel avait en effet clairement annoncé son retrait définitif de la fameuse formation canadienne dans laquelle il officiait pourtant depuis plus de trente ans ! Même si la « patte » Saga devait autant au tandem claviers / guitares, reconnaissable entre mille, qu’au chant, certes confondant de maîtrise du déserteur, l’admirateur du groupe ne pouvait que se laisser aller à de vaines conjectures quant à l’avenir de son poulain. Genesis, Marillion, AC/DC ou Iron Maiden, eux aussi, ont en leur temps fait subir semblable sort à leurs adorateurs transis. Une seule des formations citées n’a malheureusement pas relevé le challenge avec brio. Nous laissons le soin à notre lectorat érudit de dénicher l’intrus, lequel a d’ailleurs élégamment retourné sa veste à l’aube du second millénaire…

Trêve de tergiversations, ce nouvel album de Saga se présente instantanément comme une bonne surprise qui ne décevra pas le connaisseur. Tout ce qui faisait le charme et l’identité du quintette mal aimé des médias reste présent dans des proportions décuplées : une énergie revigorante, une maestria instrumentale de tous les instants et des compositions mâtinées de cette sauce que seul Saga a toujours réussi à faire prendre : un subtil amalgame constitué de rock sautillant, technique et lyrique, pas véritablement progressif mais bien plus complexe que le rock musclé de base. Les questions / réponses entre Jim Gilmour (claviers) et Ian Crichton (guitares) excitent toujours autant et le son reste aussi clinquant qu’à la « Grande époque » (l’album en public In Transit par exemple en 1981).

Cessons de faire languir, le nouveau venu, Rob Moratti, ex-chanteur de Final Frontier, possède un organe admirable qu’il sait utiliser à bon escient. Saga semble donc avoir déniché la perle rare : un chanteur puissant et remarquable qui réussit le pari de faire oublier son illustre prédécesseur tout en imposant son style, sensiblement proche de celui de Michael Sadler mais plus typé hard rock que progressif. En tous cas, l’osmose est patente, Saga paraît ressuscité, un peu comme le « second » Yes de 1983, même si comparaison n’est pas raison. D’ailleurs, le son général de Human Condition n’est pas si éloigné de 90125, l’album de la résurrection pour Jon Anderson et sa clique. Même si ce changement fait plaisir à entendre, il ne s’agit en aucun cas de la révolution de palais que l’on aurait été en droit d’attendre de ce groupe précurseur bien que secondaire.

Un album moderne, frais et « rapicolant » qui pourra éventuellement réussir le grand écart entre continuer de plaire à son public habituel et amener dans ses filets des mélomanes plus habitués à l’AOR ou au rock et hard rock des années quatre-vingt (Whitesnake, Toto). Même si la renaissance n’est pas aussi marquée qu’elle ne l’a été pour les groupes cités en incipit, elle n’en demeure pas moins un renouveau printanier bien affirmé.