Neverness - Cuentos de otros mundos posibles

Sorti le: 21/09/2007

Par Jérémy Bernadou

Label: Musea

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Comme son nom ne l’indique pas, Neverness est un groupe espagnol qui signe ici son second album. La particularité de la formation est d’avoir opté pour un chant exclusivement en espagnol, fait rare dans le milieu du rock progressif. Cependant, ce choix original n’est pas totalement digne d’intérêt, du fait d’un chanteur manquant cruellement d’assurance et de maîtrise. C’est d’autant plus dommage que cette initiative était intéressante sur le papier, et dénotait une volonté de recherche d’une personnalité propre, ce qui est finalement loin d’être le cas.
De ce fait, les deux morceaux instrumentaux (« Pachamama » et « Sin horizonte ») sont très certainement les titres les plus marquants. Quand le chant anecdotique n’est pas là pour gâcher l’écoute, l’approche de l’univers du groupe se fait bien plus naturellement. C’est dans ce format que Neverness est le plus efficace, car aucun élément ne vient compromettre sa crédibilité.

Les titres sont pour la plupart assez longs, et développent plusieurs atmosphères, sans toutefois oublier de suivre une ligne conductrice. Les compositions sont donc finement travaillées, mais leurs structures trop répétitives mettent en lumière le manque d’ambition du disque. Bien que les musiciens maîtrisent leur sujet et ne se perdent pas dans des démonstrations stériles, ils font preuve d’un manque d’originalité flagrant. Le résultat, sans prétention aucune, s’écoute sans déplaisir, mais peu de passages parviennent à retenir l’attention de l’auditeur.

Au niveau du son, Neverness se rapproche du classic rock, mais emprunte aussi beaucoup de clichés de ce genre musical : guitares agréables mais aux intonations souvent trop lisses, batterie répétitive à souhait, sons de clavier vieillots, manque de relief… Ce parti pris esthétique pouvait être intéressant, mais le groupe n’a pas su exploiter toutes les subtilités inhérentes au style, oubliant ainsi l’essentiel : les mélodies racées et accrocheuses, mais surtout la concision. Neverness semble encore hésiter entre plusieurs domaines musicaux, sans avoir trouvé son identité propre, pour dévoiler au final un ensemble sans réelle personnalité.

Rien n’est véritablement innovant dans cet album, même si l’optique du groupe n’est pas là. Le manque de modernité est très certainement une concession que le groupe a dû faire pour rester fidèle à ses modèles d’un autre âge. Cuentos de otros mundos posibles est bel et bien sorti en 2007, et cette démarche peut sembler terriblement passéiste. Pourquoi ce jeune groupe reste-t-il autant tributaire d’influences vues et revues ? Neverness fait donc partie de cette vague de groupes cherchant, à leur échelle, à perpétuer la tradition du rock progressif. Or, ne leur en déplaise, nous ne sommes plus dans les années soixante-dix, et copier aujourd’hui ce qui était novateur autrefois ne donne qu’un résultat la plupart du temps anecdotique.