Beardfish - The Sane Day

Sorti le: 15/05/2007

Par Jean-Philippe Haas

Label: Autoproduction

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Un groupe suédois de rock progressif inconnu qui se pointe avec un double album sous le bras… aïe ! On songe de suite aux Flower Kings et à la redondance dans laquelle ils se sont perdus dans leurs dernières productions. Qu’on se rassure : Beardfish, s’il maîtrise à la perfection les canons du rock progressif des années 70, est loin d’en être un cliché. The Sane Day digère et régurgite certes de nombreuses influences mais conserve également quelques touches d’originalité.

Pour parler brièvement du concept – car concept il y a, bien que de l’aveu même du maître d’oeuvre Rikard Sjöblom il soit un peu flou et n’ait émergé que tardivement dans le processus de composition – il s’agit de l’histoire d’un jeune homme victime d’une rupture qui décide de retourner dans sa ville natale. Chemin faisant, il fait une halte à Gobberville, petite bourgade dans laquelle il va rencontrer des personnages étranges et hauts en couleurs.

Dès l’ouverture de l’album, une vision assez complète de ce qui attend l’auditeur se dessine : Genesis, Yes, Gentle Giant et dans une moindre mesure King Crimson et Van Der Graaf Generator. Sans oublier les Beatles. Beardfish séduira (ou non) par l’alternance de phases « bien comme il faut », respectueuses de la bienséance du prog classique, avec des passages plus frais comme « The Gooberville Ballroom Dancer », « The Basic Blues » ou « Blue Moon ». Autre atout du groupe : la voix polymorphe de Rikard Sjöblom, définitivement l’une des plus rock du microcosme progressif, évoque autant Peter Hammill que Kevin Gilbert. Très expressive et bien loin du maniérisme caricatural qui a pu caractériser les modèles de Beardfish, elle donne une véritable dynamique à des titres qui, musicalement, sont plus convenus, tels « A Love Story » ou « Mystique Of The Beauty Queen » par exemple. The Sane Day évite ainsi l’effet soporifique qu’aurait pu produire un album au classicisme trop lisse.

L’écueil du double album n’est cependant pas entièrement évité et des titres d’un intérêt discutable auraient gagné à ne pas figurer sur cet album : le reposant mais longuet « The Sane Day » ou « Igloo On Two », patchwork instrumental un peu vain de ce que Genesis proposait sur The Lamb…. Pour tout dire, c’est souvent la voix attachante de Sjöblom qui fait défaut sur des passages instrumentaux parfois peu passionnants.

Signé récemment chez Insideout à la suite d’une recommandation de… Roine Stolt, Beardfish a trouvé une excellente rampe de lancement pour sa musique. Reste à savoir si le prochain album rimera avec renouvellement plutôt qu’avec redite inutile, cette dernière option étant la plus couramment observée chez les groupes évoluant dans le registre très spécifique de Beardfish.