Beardfish - Destinated Solitaire

Sorti le: 07/08/2009

Par Christophe Gigon

Label: InsideOut Music

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La cinquième vitesse, dite de croisière, est désormais enclenchée par cette fine équipe scandinave, qui pratique avec brio un rock « rétroprogressif » jovial et accessible, volontairement daté et volontiers goguenard. La sortie de Destined Solitaire était attendue avec excitation et crainte par un public familier de la bande à la barbe poissonneuse. Difficile effectivement d’accoucher d’un successeur à la superbe suite Sleeping With the Traffic (part I et II) parue en 2007 et 2008.

Après les premières écoutes d’usage, il apparaît comme fort probable que les amateurs ressentent un certain sentiment de déception mêlé d’une excitation pourtant latente. Faire suite à la densité et à la complexité architecturale de leurs deux précédents albums conceptuels peut paraître un objectif rude à atteindre. Pourtant, après une première « prise en ouïe » peu soutenue, l’ensemble peut rappeler une agréable mixture sans prétention combinant adroitement et avec félicité le meilleur de The Flower Kings et de Spock’s Beard.

Les passages en platine suivants ne tarderont heureusement pas à révéler que ce disque, s’il se présente comme moins ambitieux que le diptyque évoqué, possède en revanche une fraîcheur et un tonus de tous les instants, qualités bienvenues dans un style de prédilection gracieusement sentencieux et démonstratif. Ainsi, les neuf pièces de durée généreuse s’avèrent éblouissantes de virtuosité, toujours guidées par le plaisir de jouer de la bonne musique, complexe à produire mais étonnamment facile à appréhender. L’œuvre improbable qui pourrait plaire autant au spécialiste féru de musiques tarabiscotées qu’au nostalgique de Woodstock.

Bien moins sombre que Liquid Scarlet, plus rétro et moins « américain » (et pour cause !) que la bande à Nick D’Virgilio, Beardfish semble se profiler doucement mais sûrement comme les nouveaux Flower Kings, le fun et l’énergie en plus ; en espérant que ces jeunes Suédois se renouvellent davantage que leurs aînés. Avec cette production estivale idéale, éminemment fraîche et sympathique pour amateur de rock complexe, nul doute que les musiciens y parviennent avec cette plongée assumée dans les années soixante et soixante-dix.