Echolyn - The End Is Beautiful

Sorti le: 17/10/2005

Par Jean-Philippe Haas

Label: Velveteen Records

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Echolyn revient de loin. Après avoir été l’une des révélations du rock progressif des années quatre-vingt-dix, échappé au naufrage pour cause de signature avec une major, dû rembourser ses dettes avec un album de fonds de tiroir, être courageusement revenu sur la scène progressive avec l’excellent Cowboy Poems Free et proposé en 2003 un Mei composé d’un impressionnant morceau de près de cinquante minutes, la bande à Brett Kull atteint triomphalement le sommet de l’asymptote avec un nouvel album étourdissant de fraîcheur.

«Georgia Pine» prouve d’entrée de jeu que complexité et efficacité, tradition et innovation peuvent faire bon ménage. Le travail réalisé sur les harmonies vocales évoque Gentle Giant, l’une des grandes références d’Echolyn, et atteint ici un niveau proche de la perfection de As The World. Le groupe pratique avec bonheur le contrepoint et superpose les lignes mélodiques avec une facilité rarement entendue. Un symphonisme discret mais omniprésent reste également l’une de ses caractéristiques principales. Poursuivant sur la lancée de Mei, Echolyn a enrichi sa palette sonore déjà considérable par des sons électroniques et une grande variété de cuivres (trompette et trombone sur «Heavy Blue Miles», saxophone gémissant sur «Lovesick Morning»,…). On trouve aussi du Spock’s Beard dans ce nouvel album. Pas le Spock’s Beard pompier et bavard mais celui, inspiré, de «Thoughts» et «In The Mouth Of Madness», qui sait trouver la cassure originale, le pont improbable et la mélodie mortelle. C’est particulièrement flagrant sur le morceau-titre où, après une délicieuse intro basse/batterie jazzy à souhait, on s’attendrait presque à entendre la voix de crooner de Neal Morse. Mais c’est de Raymond Weston dont il s’agit et il s’installe définitivement à une place de chanteur qu’il semblait assumer par défaut en plus de son rôle de bassiste. Dans un registre beaucoup plus varié et assuré que par le passé, il prend définitivement le pas sur Brett Kull avec qui il partageait bien davantage ce rôle jusque-là.

L’album est si dense qu’on pardonne aisément la présence de titres moins travaillés comme «Make Me Sway» ou «So Ready». On verra cela comme des tentatives un peu maladroites, mais non sans intérêt, de composer un matériel plus immédiatement accessible, moins progressif, que bien des groupes envieraient !

The End Is Beautiful est le genre de disque qui vous laisse des moucherons collés aux dents pour cause de sourire permanent. Trouver un album anecdotique dans leur discographie constitue une mission déjà fort ardue mais les américains ont enfanté là d’un disque rare. Celui-ci représente en quelque sorte ce que le groupe aurait dû être après As The World s’il n’avait pas été sabordé par Sony. Encore trop méconnu en Europe, Echolyn a pourtant l’étoffe des grands. Et cet album EST grand!