Popol Vuh - Die Nacht der Seele (rééd)

Sorti le: 03/07/2005

Par Greg Filibert

Label: InsideOut Music

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Popol Vuh, voilà un drôle de nom, celui d’un livre sacré des Mayas, le Livre des Evénements, qui ne dira sans doute pas grand-chose à la jeune génération. Pourtant ce groupe allemand, et en particulier sa tête pensante feu Florian Fricke, fait partie des pionniers de la musique expérimentale et électronique. Formé à la fin des années soixante autour de Fricke, Popol Vuh est l’auteur de vingt-trois albums, dont plusieurs B.O. pour le célèbre réalisateur Werner Herzog (Aguirre, Nosferatu, Fitzcarraldo, Cobra Verde etc.).

Quatre ans après la mort de Fricke fin 2001, suite à une apoplexie, le label SPV réédite une très large partie des albums du groupe à géométrie variable, dont Die Nacht Der Seele, paru en 1979, qui marque l’arrivée dans le groupe Renate Knaup en transfuge d’Amon Düül II. Notons pour l’anecdote qu’à des époques diverses, Holger Trülzsch aura eu le même parcours aux percussions, comme Daniel Fichelscher, Alois Gromer à la sitar, Chris Karrer au saxophone : tous transfuges ou intérimaires d’Amon Düül II qui passeront dans les rangs de Popol Vuh dont le producteur, Gerhard Augustin, est aussi celui de… Amon Düül II ! Par ailleurs, Klaus Schulze, autre monument krautrock, rachetera le Moog III de Fricke et produira l’un des albums de son groupe : cette scène produit entre 1970 et 1983, de nombreuses interactions.

Point d’expérimentations électroniques sur ce disque, tous les instruments sont naturels : piano, guitare, hautbois, sitar, percussion et quelques vocaux. Popol Vuh délivre ici une musique instrumentale qui ne dépareillerait pas sur un film de Herzog. En effet, Die Nacht Der Seele a tout d’une bande originale, et sans doute le passé de critique cinéma – et musique – de Fricke n’y est pas étranger. La musique folklorique habillement interprétée dégage une atmosphère à la fois éthérée, sombre et placide (« Mit Händen, Mit Füssen », « Wo bist Du, der Du Überwunden Hast ? »).
Hélas, la majorité des titres affiche une grande pauvreté dans l’instrumentation et manque de consistance dans les mélodies. Bien que les compositions n’excèdent pas pour la plupart les trois minutes, leur cruelle linéarité risque de décourager même les plus hardis aujourd’hui, hors de leur contexte socio-culturel (« Wanderer Durch die Nacht »). Ces soucis viennent du fait que Die Nacht Der Seele semble vouloir illustrer un film imaginaire, ce qui le rend « incomplet » et par conséquent lui fait perdre toute sa force. Quant à son éventuel pouvoir de suggérer des images à l’auditeur, il reste très limité pour les raisons évoquées plus haut. Concernant les boni, ils sont du même acabit que le reste : répétitifs.

De part son caractère monotone et assoupissant, cette réédition de Die Nacht Der Seele n’intéressera guère de monde, si ce n’est les nostalgiques de Florian Fricke et de Popol Vuh. Rappelons ici que le groupe s’est aussi revitalisé autour des recherches spirituelles et mystiques de Fricke, et préfigure alors des sonorités qui formeront la genèse, selon certains, du New Age.