Steve Hackett - Metamorpheus

Sorti le: 28/03/2005

Par Jean-Daniel Kleisl

Label: Camino Records

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Les derniers albums « rock » de Steve Hackett avaient reçu un accueil pour le moins mitigé : une trop grande prise de risque les avait rendus déstructurés, déroutants et leur donnait surtout un goût d’inachevé. De même, si ses tribulations au pays de Satie en compagnie de son frère présentaient un intérêt certain, elles s’essoufflaient sur la longueur. Disons-le d’emblée, son travail marquant le plus récent, outre ses nombreuses parutions de concerts, reste A Midsummer Night’s Dream avec un jeu de guitare majestueux accompagné par le Royal Philhamonic Orchestra. Tout cela datait de 1996… une éternité ! Metamorpheus , son nouvel album, est dans cette lignée.

Metamorpheus conte la légende d’Orphée et son périple en Enfer. On comprend dès lors que Steve soit accompagné par un orchestre qui sied à la thématique, le bien nommé Underworld Orchestra. Cet album n’est pas d’un accès aisé d’une part parce qu’il est clairement conceptuel (programmatique serait le mot juste, on parle de musique classique), d’autre part, parce que cette musique présente un tel niveau d’écriture qu’il est totalement impossible de l’appréhender en une seule écoute. Contrairement à A Midsummer Night’s Dream , l’ambiance de l’album est sombre, même si Steve affectionne toujours ce romantisme qui est sa marque de fabrique en matière de guitare classique. Des émotions variées et intenses sont distillées tout au long de l’album où l’on passe de l’angoisse de la mort (la rencontre avec Charon) à la colère, l’amour, la passion, pourquoi la vie vaut-elle d’être vécue, etc. Il s’agit d’un album fondé sur les tensions et les accalmies que subit Orphée.

Et la guitare de Steve. Son jeu est proprement superbe et parfois affolant, comme dans « Eurydice Taken ». Si les compositions sont façonnées autour de la guitare, elle n’en est pas pour autant prépondérante. Et c’est ce qui rend cet album indispensable ! Il ne s’agit pas d’un album de guitariste destiné seulement à des guitaristes. Ce savant mélange entre guitare et instruments à cordes (les violons ont une grande place dans la répétition des thèmes) en fait un poème symphonique plus qu’un concerto.

Avec Metamorpheus , Hackett renforce sa réputation de grand maître de la guitare classique contemporaine, mais il sera sans aucun doute considéré aussi comme l’un des meilleurs compositeurs néo-romantiques. Ce n’est pas du rock, c’est n’est pas du progressif, mais qu’importe. C’est mieux que cela ! Un must, tout simplement et Steve Hackett en est l’auteur… inespéré !