Steve Hackett - Under A Mediterranean Sky

Sorti le: 18/01/2021

Par Florent Canepa

Label: Burning Shed

Site: http://www.hackettsongs.com/

Steve Hackett n’a plus rien à nous prouver. Depuis les années 70, il distribue à qui veut l’entendre (et bien au-delà de son éphémère contribution à Genesis) les volutes guitaristiques qui font rimer six-cordes avec bon goût suprême. Mais Steve Hackett, c’est aussi ce Janus, deux faces d’un même talent s’exprimant en mode rock ou en mode classique, selon ce que ses envies vont lui dicter.

Autant le dire tout de suite, c’est aux aficionados de l’acoustique que s’adresse le fier Under A Mediterranean Sky, qui rentre dans la partie classique de la monumentale discographie de l’Anglais, à ranger tout à côté de A Midsummer Night’s Dream (où il était accompagné du Royal Philarmonic Orchestra) ou plus récemment Tribute, inspiré par ses maîtres à penser en la matière, Andres Segovia, Julian Bream et John Williams. C’est en mode cinématographique que Steve Hackett propose de débuter avec « Mdina (The Walled City) », dont certains accents iront même jusqu’à rappeler un certain Hans Zimmer, le célèbre et martial compositeur de musique de films. A n’en pas douter un des titres forts de ce nouveau voyage aux couleurs méditerranéennes. Cet aspect « bande originale » sera présent tout au long de l’album avec ses variations adéquates : arabisant et tout en percussions sur « Sirocco » (comme un renouveau de Lawrence d’Arabie de David Lean), hispanisant et symphonique sur « Andalusian Heart », intimement classique sur « Scarlatti Sonata », tout proche de l’héritage de Ferdinando Carulli. Parfois aussi en mélangeant un peu tout, comme un peintre fou, à l’image de l’agité « The Dervish and the Djin », hanté par le saxophone de Rob Townsend.

Un point à noter : le noble guitariste reste humble dans son propos et évite le mauvais goût de sérénades à rallonge, préférant concentrer son propos et ses ambiances sous la barre des cinq minutes, ce qui enlève aussi à l’auditeur tout ressenti de prétention mal placée. Car c’est peut-être cela aussi la force et le respect qu’inspire l’homme : savoir être mélodieusement et techniquement irréprochable, tout en donnant l’idée d’une certaine simplicité. Les artifices sont ici finalement peu présents (sauf sur le premier titre et par petites touches) et la guitare se met à nu, en particulier sur les titres qui rappellent la guitare classique de l’école espagnole de Narcisco Yepes ou, plus proche de nous, Paco de Lucia (« Joie de vivre » ou le très raffiné « The Memory of Myth »).

Au fur et à mesure que les mélopées s’envolent à nos oreilles, on s’aperçoit que ce fil décousu mais animé n’est qu’un prétexte quasi pédagogique pour nous faire découvrir le spectre infini de la guitare classique. Plaisir coupable mais enchanteur, Under A Mediterranean Sky nous enivre puis très rapidement nous obsède. Comme sa pochette nous y invite, il ne reste plus qu’à contempler l’horizon ou à se jeter à l’eau.