Soft Machine - Fourth and Fifth

Sorti le: 02/01/2005

Par Djul

Label: Virgin Records

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Après le magnifique coup d’éclat de Third, sorti en 1970 et sans doute meilleur album de Soft Machine, et un album solo de Wyatt, le groupe prend la décision de devenir entièrement instrumental. Soft Machine se concentre sur sa musique et Wyatt ne tardera pas à chercher un exutoire pour pouvoir exercer ses talents de chanteur. Fourth sortira en 1970 et après le départ du batteur/chanteur, Soft Machine enregistrera Fifth en 1971 avec John Marshall. Les deux albums n’étant plus disponibles que couplés lors de leur réédition CD, nous avons pris le partie de les chroniquer tour à tour.

C’est donc en 1970 que la formation « classique » du groupe (le quatuor) entre en studio pour réaliser Fourth. L’album est évidemment marqué par la présence d’un morceau en huit parties, composées une nouvelle fois par Wyatt, « Virtually ». Sorte de montagne russe version jazz, ce pavé d’une face de vinyle n’est néanmoins pas la composition la plus marquante de Fourth : trop chaotique et trop disparate en termes de qualité, oscillant entre des passages très mélodieux et une abstraction assez inaccessible. C’est plutôt vers l’introductif « Teeth » et le très beau « Kings and Queens » qu’il faut se tourner pour retrouver les thèmes gracieux et la section de cuivres survoltée qui avaient inscrit Third dans la légende. Au final, Fourth est un peu déséquilibré et on sent le groupe se déliter tant les compositions hésitent entre une main-mise sur le groupe de la part de Hopper (cf. la basse très présente de « Kings and Queens ») ou de Wyatt.

En septembre 1971, le divorce est consommé et Wyatt part former la Matching Mole, au nom facétieux – la musique l’est d’ailleurs tout autant – avec – entre autres – Richard Sinclair.

S’ensuit Fifth de la part de ses ex-camarades de jeu, qui va encore plus loin dans la formule instrumentale que son prédécesseur, et s’avère difficile d’accès. Album avant-gardiste sans conteste : à part quelques titres comme le magnifique « All White » ou « As If », les compositions laisseront bien des auditeurs dubitatifs. En témoigne le titre « Drop », quasi-silencieux et basé sur des sonorités étranges, ou les furieux « LBO » et « Pigling Band », plus jazz que progressifs, plus déstructurés que mélodieux.

A la suite de ces deux bons albums, certes, mais qui requièrent un très grand investissement, une connaissance minimale du groupe et une tolérance certaine à l’égard de l’esprit et de la structure jazz, Dean puis Hopper quitteront le navire. Celui-ci se sabordera alors après moins de quatre années d’existence et chacun ira, seul ou au sein de formations recomposées d’anciens membres du Soft, apposer de nouvelles pierres à l’édifice du progressif et du jazz.