Motis - Prince des Hauteurs

Sorti le: 11/12/2004

Par Julien Weyer

Label: Autoproduction

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Oyez, oyez braves gens ! Fier héraut d’un genre que d’aucuns diraient désuet, Motis signe avec Prince des Hauteurs son sixième album de rock médiéval. C’est à se demander jusqu’où l’on peut aller dans le mélange des genres, d’autant que ces trois gaillards du Jura n’y vont pas de main morte : rassemblez des instruments tels que la guitare, la mandoline, le bouzouki, la cornemuse et le Taurus (pédalier basse), une batterie et des percussions d’origines variées (derbouka – Maghreb, jembé – Afrique Noire, poterie et tablas – Inde, cloche, gong – Tibet, grelots, tambourin – Europe Médiévale), des textes évoquant les figures bien connues des troubadour, chevalier, seigneur, vilain… vous obtenez dans le cas présent une potion étonnamment digeste.

Engager les festivités par une lutte entre Chantecler et le Goupil, jouer en costume d’époque avec le collier de barbe qui va bien, c’est tout de même osé. Mais que vault li homs qui autrui mal perçoit ?. Bien vite les clichés sont dissipés par un entrain communicatif. Non seulement Motis assume ses choix, mais il dépasse de la tête et des épaules bon nombre de jeunes groupes français plus dans l’air du temps. A défaut d’une sophistication typiquement « prog », la composition est habile : l’on s’ennuie d’autant moins que les mélodies sont agréables et l’interprétation sans faille hormis un chant un poil trop étroit.
On peut toujours sourire des récits « millésimés », reste que leur dimension poétique annule de facto le vieux débat « qu’est-ce qui passe le mieux, le chant français ou le chant anglais ? » (Réponse : deuxième choix, faute de mieux !). Hormis « Sorcellerie », titre le plus long de l’album, les ambiances restent badines et presque anodines jusqu’à ce que l’appel des « Sirènes » et « l’Eveil des Gargouilles » n’installent progressivement une tension auparavant absente.

La bénédiction d’un certain Christian Décamps est donc tout sauf indulgente, et les amateurs de l’Ange (première période en particulier), Jethro Tull, Malicorne et consorts y prêteront volontiers l’oreille. Les curieux aussi.