Motis - Live au Crescendo

Sorti le: 25/01/2008

Par Jérôme Walczak

Label: Autoproduction

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Motis a une histoire déjà ancienne, puisqu’elle remonte à 2000, en tant que digne successeur du grand Gabriel Yacoub, de Malicorne et représentant assumé des troubadours, baladins et saltimbanques. Motis, c’est un rock médiéval revendiqué, un genre à part, représenté par exemple en Belgique par les excellents Madelgaire. C’est un univers de seigneurs, de pérégrins, de légendes, de fées et autres romans de Renart… Respectueux d’une tradition orale autant qu’écrite, le groupe a également sorti un très joli livre, Le Grimoire, édité au Cercle des fées, qui retrace l’histoire du groupe et compile l’ensemble des textes. Il est toujours difficile de rendre compte de ces productions, tant elles sont engoncées dans un univers finalement assez borné, parfaitement délimité, où les audaces restent circonscrites à un périmètre somme toute assez prévisible.

Motis ne déroge pas à cette règle : l’actualité des textes remonte à l’an de grâce 1023. Il y est question du loup Isengrin, de la fêtes des fous, de carnavals et d’un méchant seigneur qui fait souffrir ses serfs et leur coupe les pieds et les mains. Musicalement, c’est somme toute assez inégal : les instruments sont bien choisis, l’ensemble est plutôt dynamique, les flûtes, bouzouki et autres instruments médiévaux ont la part belle, mais ce live ne décolle pas, et les chansons restent assez similaires les unes aux les autres. Il y a bien entendu quelques ambiances, parfois proches d’Ange, « La Fête des Fous » et ses sonorités années 70 dégageant par exemple une lointaine parenté avec Au-delà du Délire. On se surprend aussi, parfois, à penser à Genesis (« A chacun son Graal »), notamment du fait d’une utilisation très « Hammondienne » du clavier, plutôt bienvenue. Malheureusement, ce que l’on attend aussi de la musique médiévale, c’est le dynamisme, les rythmes répétitifs, les boléros, les gigues, que Motis sait parfaitement faire, comme ils l’ont montré avec leur précédent album (Prince des Hauteurs), et notamment l’excellent instrumental « Cornemuse ». Ces ambiances plus festives auraient été des morceaux de choix dans un contexte live : l’introduction instrumentale de « La Dame et le Dragon » aurait par exemple mérité bien plus de temps pour se développer, car il y a un peu d’emphase,et on regrette ite que la chanson, somme toute assez peu intéressante, vienne un peu trop brusquement lui couper l’herbe sous les pieds.

Ce Live au Crescendo n’est sans doute pas le meilleur moyen pour faire connaissance avec ce groupe franc-comtois, qui force le respect par sa passion, son professionnalisme et son érudition,et qui a certainement encore de belles années à vivre, dans ce XXIe siècle où il reste parfois quelques pieds et mains coupés qui se perdent !