Rush - Power Windows

Sorti le: 15/11/2004

Par Pierre Graffin

Label: Anthem

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C’est avec Peter Collins à la barre que Rush s’attelle à la suite du très synthétique Grace Under Pressure. Inutile de tergiverser, l’introduction époustouflante de « Big Money », sorte de pamphlet contre la dictature de l’argent, annonce la couleur générale de ce disque plus offensif et réussi que son prédécesseur. Au-delà, on se rend compte très vite que Power Windows est aussi très cohérent, homogène et abouti.

Si la part belle est une fois de plus laissée aux claviers – néanmoins replaçons le disque dans son contexte – constatons que la symbiose entre les orchestrations, dont une section rythmique toujours aussi remarquable, et les textes, atteint ici une perfection peu courante chez Rush (NdRC : « courante », « Rush ». Merci Pierre).
Les grandes plages progressives ont été, on le sait, abandonnées depuis quelques années déjà au profit de compositions beaucoup plus courtes et efficaces. Cependant, même si le titre le plus long, «Territories», excède à peine six minutes, le traitement reste globalement toujours progressif dans l’âme, « Manhattan Project » ou « Emotion Detector » en étant sans doute les exemples les plus caractéristiques : section atmosphérique, entrée progressive d’un riff efficace, ruptures… Avec « Mystic Rhythm » (devenu par la suite un hymne de concert) se clôt somptueusement cet album, et avec lui la période « synthétique » du groupe.

Des messages politiques engagés sont distillés ça et là : engagement antiatomique, ambiguïté du pouvoir des media, de l’argent, influence d’une nation riche sur une nation pauvre… servis par une maîtrise musicale technique qui laisse toujours assez pantois, même si elle a désormais souvent cours. On regrettera seulement que les guitares d’Alex Lifeson soient un peu noyées dans une production aussi datée aujourd’hui qu’elle était efficace à l’époque.

Contrairement à certains autres, dont Atmospheres surtout, la force incontestable de ce disque réside dans son abord remarquablement aisé. Elaboré sans être démonstratif, mélodique sans jamais sombrer dans la facilité, Power Windows apparaît comme un concentré de savoir faire, entre tradition et modernité, et l’un des incontournables de la période « années quatre-vingt » de Rush, avec Moving Pictures.