Rush - Time Machine - Live in Cleveland 2011
Sorti le: 29/12/2011
Par Wendy-Anne Milleret
Label: Roadrunner Records
Site: www.rush.com
La Machine à explorer le Temps est à nouveau en état. La dernière fois qu’un petit malin a voulu l’enfourcher, on ne l’a jamais revu. Au lieu de s’aventurer dans l’irréel chaos de l’an 802000 ou sur un chantier boueux en bordure de périphérique sous la pluie de novembre, la voici qui s’arrête quatre-vingt-deux fois de suite à un concert de Rush !
C’est en toute logique que ce « Time Machine – Live » immortalise l’étape de Cleveland, proche de la frontière canadienne et de la ville de Toronto dont est originaire le trio. C’est aussi une marque de grande élégance que cet hommage à la radio locale WMMS, qui émet aujourd’hui encore depuis la capitale de l’Ohio et fut la première à diffuser le titre « Working Man » sur les ondes américaines en 1974. La partie est gagnée d’avance pour Rush dès son entrée avec un « The Spirit of Radio » de circonstance. Les Eloïs et les Morlocks massés dans l’Arena de Cleveland ne peuvent que se tenir par la main et regarder s’élever, fascinante et massive, l’incroyable mécanique en démonstration.
L’imposant répertoire du groupe le contraint à faire des choix. Si votre morceau favori de Rush ne figure pas sur cet album, il est certainement présent sur l’un des autres concerts publiés au fil des ans. « Presto », « Marathon » ou « Stick it out » brisent cette impression de redite que l’on peut craindre en cas de parutions rapprochées. La sélection est largement remodelée par rapport aux récents « Rush in Rio » ou « R30 ». Trois extraits du dernier album en date Snakes and Arrows (dont le superbe « Working them angels ») et deux nouvelles compositions à paraître sur le prochain Clockwork Angels sont au programme. Les petits nouveaux sont présentés avec succès, à l’image de « BU2B » et de son entame musclée. Le galopant « Caravan » est à son tour bien accueilli, malgré une place peu enviable juste derrière l’interprétation intégrale et d’une traite du mythique album Moving Pictures.
La virtuosité instrumentale n’est jamais prise en défaut. Il est manifeste que la voix de Geddy Lee a gagné en émotion ce qu’elle a perdu en puissance. C’est la rengaine que l’on sert à tous les chanteurs de sa génération ayant posé les bases d’un genre musical avec un timbre de voix pourtant atypique. La fin du concert approchant, le chanteur se lâche néanmoins et nous livre à l’énergie un moment de bravoure avec « The Temples of Syrinx ».
Deux détails sont à déplorer. Le découpage du double CD ne respecte pas l’unité de ce disque phare ni le rythme du concert en plaçant l’entracte entre « Limelight » et « The Camera Eye ». Par ailleurs, avec la sortie presque simultanée des coffrets Sectors, il va encore falloir suggérer à ses proches cette idée de cadeau sans en avoir l’air. Mais ces ronchonnements sont déjà loin lorsqu’après vingt-six titres et deux heures quarante de précision et de folie insufflée par Lee, Lifeson et Peart, « Working Man » s’achève sur les premières mesures de « Cygnus X-1 ». La classe canadienne.
Non ! S-E-C-T-O-R-S. C’est ça, Maman… Trois coffrets…