Procol Harum - Grand Hotel

Sorti le: 02/05/2004

Par Pierre Graffin

Label: Chrysalis

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Amputé depuis Home de l’organiste, compositeur et producteur Matthew Fisher, qui composa ce qui demeure encore aujourd’hui LE grand succès de Procol Harum, « A Whiter Shade Of Pale », le groupe de Gary Brooker était à la recherche d’une identité. L’importance accrue du guitariste Robin Trower avait apporté un semblant d’équilibre au groupe : Home et Broken Barricades, sans être transcendants, avaient au moins prouvé que Procol Harum s’était retrouvé. Hélas, le guitariste quitte le navire, permettant à Brooker d’en devenir le seul capitaine, et c’est avec la plus grande prudence que les fans et critiques accueillent en 1973 ce sixième album. Ils furent pourtant contraints de se rendre à l’évidence : Grand Hotel est une réussite incontestable, qui s’affirmait dès lors comme l’un des grands classiques du groupe, au même titre que le premier disque ou A Salty Dog.

Inspiré du roman de Vicki Baum, Grand Hotel surprend d’emblée l’auditeur un peu rompu aux compositions alambiqués et psychédéliques du groupe par sa simplicité d’approche, d’autant qu’il ne perd jamais en profondeur ce qu’il gagne en efficacité. Depuis le premier titre, « Grand Hotel », narrant avec une fausse grandeur mais une authentique ironie l’opulence dégoulinante d’un hôtel de luxe, jusqu’à « TV Caesar », où un curieux personnage de dessin animé dirige le monde, en passant par le terrible « Toujours L’amour » («She took all the pleasure and none of the pain / All of the credit and none of the blame») , les paroles de Keith Reid, très empreintes d’ironie, voire de cynisme, sont toujours d’une remarquable efficacité. Le traitement musical de l’ensemble est, bien sûr, très loin d’être en reste et sied à merveille à cet univers doux-amer mis en scène par un Gary Brooker en forme.

Grand Hotel est donc une pierre angulaire de la discographie de Procol Harum et il se dégage de ce disque un sentiment mêlé de jubilation et de mélancolie. Une visite approfondie de cet Hotel s’impose et, au fil de sa découverte, il y a même fort à parier que la visite se transforme en séjour prolongé…