Nektar - Recycled (rééd.)

Sorti le: 22/04/2004

Par Djul

Label: Dream Nebula Recordings

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N’y allons pas par quatre chemins : de tous les albums de Nektar chroniqués ici, Recycled est de loin le seul méritant qu’un novice s’y penche avec curiosité, comme il le ferait pour des King Crimson ou Genesis. Rappelons d’abord la genèse de ce disque. Mixé à l’origine par Geoff Emerick aux Air Studios de Londres, Recycled est ensuite repris en main par le futur cinquième homme et claviériste de Nektar, Larry Fast. Ce dernier ajout de nombreux « overdubs » et arrangements de claviers, modifiant significativement, en tout cas aux yeux du groupe, le résultat final. Ce sont les deux mix, mis bout à bout, qui sont proposés dans cette réédition, et, paradoxalement, c’est bien le mix original qui à le moins vieilli, grâce à un son plus chaud et organique.

Abordant la deuxième moitié des années 70, Nektar passe du statut de suiveur à celui de précurseur, sans, hélas, rencontrer beaucoup plus de succès. En effet, dès le morceau-titre, le changement d’orientation musicale est flagrant : des morceaux plus courts, plus directs, à forte teneur en synthétiseurs et sur lesquels la guitare saturée prend encore plus d’importance. D’un laborieux disciple de Pink Floyd, Nektar devient un groupe progressif « moderne », comme l’étaient déjà Camel et ensuite Saga. Le titre « Recycle » ressemble étrangement aux premiers disques des Canadiens, avec cette voix enflammée à la Sadler, un grain qui tirerait plus vers Steve Walsh, et ce goût pour les duels de claviers et de six-cordes. L’impact de Larry Fast se fait également sentir, comme sur « Cybernetic Consumption », où l’ensemble des canaux semble pris d’assaut par des synthétiseurs en ébullition.
A ce titre, notons que cette débauche d’effets risque fort d’éloigner les amateurs de productions modernes tant le disque sonne daté ! Par la suite, la musique tend à s’adoucir quelque peu, oscillant entre ballades à la Supertramp (« Unendless Imaginations » et ses imposants chœurs masculins/féminins, « It’s All Over », le tube du groupe, débordant d’arrangements pour claviers) et titres plein d’un groove qui ne semble être inspiré que par Camel, notamment l’enchaînement « Sao Paulo Sunrise » / « Costa Del Sol » avec leurs accords jazz rock, leurs rythmes syncopés, et ce charley mis très en avant, comme sur les disques de Latimer.

Proposant une musique dynamique et mélodique, Nektar se retrouve tout de même à la lisière du kitsch par moments. Recycled est à ce point marqué par le milieu des années soixante-dix, qu’on le conseillerait avant tout aux amateurs de cette époque particulière. Peut-être l’occasion pour eux de rattraper le temps perdu en découvrant un disque attachant et accessible.