Nektar - Book of Days

Sorti le: 18/06/2008

Par Christophe Manhès

Label: Bellaphon

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Nektar est un groupe curieux qui nous vient du fond des âges de l’histoire du progressif. Ces Anglais, que tous croient Allemands parce qu’ils se sont s’exilés en RFA dès le début de leur carrière, ont débuté en 1971 par la pratique d’un psychédélisme sympathique et lyrique, plutôt original à force d’aborder la musique progressive par sa face la plus rugueuse. À côté de l’épure des ténors comme Genesis, Yes ou Gentle Giant, le son Nektar avait tout du garage band ! Mais dès 1975, à partir du très foutraque Recycled, Nektar semble avoir tout dit et n’en finira plus ensuite de recycler justement. Aujourd’hui, près de trente ans plus tard, on se demande, et c’est un euphémisme, quel est l’intérêt de réactiver l’existence d’un tel groupe, sinon à graver dans la pierre une défaite artistique de plus. Et Book Of Days en est une. Et une grosse.

Comment est-il possible de manquer de jugement à ce point et de nous infliger un tel album que personne, ou si peu, ne réclamait ? Car dans Book Of Days, il n’y a malheureusement rien à sauver. Le son y est, par exemple, indigne d’une production du 21ème siècle. Sec et sans relief, il est d’un kitsch FM éprouvant. Les compositions, quant à elles, sont autant de modèles archaïques et indigents. Inutilement allongées, elles n’arrivent même pas à nous faire goûter aux plaisirs régressifs du néo prog eighties quand Pendragon et Abraxas tenaient le haut du pavé (ou le bas du fossé selon le point de vue). Vous en conviendrez, en matière de progressif, on se situe au niveau du minimum syndical. Enfin, que dire de la voix aphone de Roye Albrighton et de la batterie de son comparse, Ron Howden, aussi sensuelle que le tambour d’une machine à laver, sinon que toutes deux enfoncent tristement le clou ?

Au petit jeu d’hibernatus, beaucoup ont trébuché et pas des moindres. Seuls, peut-être, les Américains de Happy The Man ont pu garder la tête haute en délivrant en 2004 un album réellement inspiré, The Muse Awakens. Aussi, pour faire plaisir à ses fans, Nektar aurait dû se contenter de retourner sur scène et de jouer ses classiques seventies les plus inspirés. Au lieu de quoi, avec Book of Days, ils se couvrent de ridicule. Dommage.