Vintersorg - The Focusing Blur

Sorti le: 17/03/2004

Par Julien Negro

Label: Napalm Records

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Un album de Vintersorg chroniqué dans les pages d’un webmagazine progressif ? Les amateurs de metal savent que ce groupe norvégien est plutôt réputé pour un black metal des plus sombres, imprégné de folk et de musiques traditionnelles nordiques. Cependant, le duo venu du froid a effectué un virage stylistique conséquent depuis deux albums : Visions from the spiral generator, sorti en 2002 et qui voyait l’arrivée du batteur Asgeir Mickelson (Spiral Architect) et du légendaire bassiste Steve DiGiorgio (Death, Testament, Sadus, Iced Earth), apportait en effet de nouveaux éléments : voix claires, soli de guitares recherchés, riffs à tiroirs, nappes de claviers éthérées et basse fretless résolument plus technique. C’est tout logiquement que ce nouveau disque s’affirme dans cette voie, se rapprochant ainsi d’un groupe à la Opeth (“Epilogue metalogue” !). Tout comme ses compatriotes, Vintersorg navigue sur ce The focusing blur entre rage métallique et sophistication progressive, le tout bénéficiant d’une production irréprochable.

Alors que certains titres baignent dans une ambiance « metal progressif » évidente (“A sphere in a sphere”, “The thesises seasons”), favorisant les mélodies vocales et les thèmes musicaux propres au style au détriment d’éléments plus violents, d’autres gardent leur côté sombre et ramènent aux racines black-folk du groupe (“The essence”). La formation s’aventure aussi sur les territoires de l’expérimentation, allant du jazz (l’introduction de “A microscopical microcosm” dominée par la basse de DiGiorgio) aux musiques électroniques (les premières minutes quasi-jungle de “Matrix odyssey”) en passant par la musique contemporaine (“Artifacts of chaos” et son quatuor à cordes). Malgré quelques difficultés dans les passages les plus aigus, qui ne correspondent pas complètement à sa tessiture, la voix de Vintersorg reste très convaincante, loin de son registre black metal originel, et, vierge de tout accent, nous permet d’apprécier les lignes de chant à leur juste valeur.

Pour qui n’est pas effrayé par un peu de furie metallique et qui aime les mélanges des genres à la Opeth, Vintersorg possède tous les éléments de séduction nécessaires. The focusing blur est certes difficile d’accès, mais chaque écoute fait découvrir de nouveaux petits détails, et, en s’éloignant de ses racines, le duo norvégien à su se bonifier et faire mûrir sa musique de la plus agréable des façons. Ne passez donc pas à côté de cet ovni qui présage du meilleur pour l’avenir de la formation.