Opeth - Blackwater Park

Sorti le: 01/10/2002

Par Djul

Label: MusicForNations

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Après de longs mois d’attente, Opeth revient à nouveau avec Blackwater Park, bien décidé à asseoir sa réputation de groupe hors-normes déjà étoffée par Still Life en 1999.

Lors de l’écoute, la première chose qui frappe est ce son énorme concocté par Steven Wilson, meneur de Porcupine Tree et producteur de talent (Fish, Marillion). Les guitares ont eu droit à un traitement de faveur, avec un son sec et violent pour les parties électriques, et un aspect brillant et rond en acoustique. La batterie est bien restituée et la basse est tour-à-tour clinquante ou ronflante. En outre, Steven Wilson n’a pas eu peur de mettre en avant les cris gutturaux du chanteur, Mikael Ackerfeld, s’étant adapté au style du groupe plutôt que l’inverse.
Du côté de l’écriture, la noirceur que dégage Opeth ne fait que s’amplifier et les extrêmes musicaux qui font son originalité ne cesse de s’accentuer. La plupart des morceaux montrent un schéma naviguant entre riffs joués au marteau-piqueur, soli mélodiques et cassures atmosphériques, pour une durée souvent conséquente. Exceptions à la règle, le splendide « Harvest » (superbe ballade entièrement acoustique avec voix et chœurs clairs), « Patterns In The Ivy » et « Blackwater Park ». Sur ces deux titres, ce n’est plus l’école suédoise du metal que l’on retrouve mais bien celle fondée par Anglagaard, qui a engendré de grands groupes comme Landberk ou Anekdoten.
Opeth fait penser à un équilibriste sur un fil surprenant, tendu entre la scène prog et la scène death-metal scandinave, préférant risquer de rester au milieu plutôt que de choisir sa destination finale. Pour l’instant, son cœur penche encore vers la dernière, mais pour combien de temps ?

On pourrait d’ailleurs presque déplorer l’inachèvement du mélange de ces genres a priori si peu compatibles, hormis sur quelques titres : « Bleak », « The Drapery Falls » et « Dirge For November ». Les moments les plus brutaux et la voix death très présente peuvent s’avèrer un handicap. L’alchimie n’est pas encore tout à fait au point, l’acoustique et l’électrique s’opposent encore parfois à défaut de faire corps. Blackwater Park donne l’impression d’un quasi chef-d’œuvre : faisons confiance à Opeth pour atteindre la perfection rapidement.