Opeth - Watershed

Sorti le: 29/11/2011

Par Maxime Lalande

Label: Roadrunner Records

Site: www.opeth.com

Pour ce neuvième album, après trois ans d’attente, le quintette suédois atteint le paroxysme d’un style singulier qu’il éprouve depuis une vingtaine d’années déjà. Ainsi, et plus que jamais, on écoute la brillante conciliation d’un doom metal oppressant et de délicieux passages acoustiques, paisibles et mélodieux. Un peu dans la lignée de Blackwater Park, Watershed met l’accent sur la surprise ; des cassures rythmiques et harmoniques, une subtile alternance entre growl et chant clair, et une instrumentation enrichie par un violon, un violoncelle , un hautbois, une flûte et même un orgue. Tout est là pour réjouir les fans de la première heure.

Pourtant, l’ambiance n’est pas tout à fait celle qu’on a pu entendre dans un Ghost Reveries, par exemple, les guitares électriques, omniprésentes ont un timbre très métallique, la distorsion est lourde et rugueuse, moins ronde que sur l’album précédent, ce qui confère à la musique un aspect glacial et un peu corrosif. Le jeu de batterie est très incisif avec une utilisation fréquente de la double pédale (« Heir Apparent », « The Lotus Eater ») et les claviers tendent une toile de fond sombre et inquiétante (« The Lotus Eater »). Watershed nous enveloppe progressivement (le temps de « Coil », balade aérienne de trois minutes) dans son atmosphère froide, tourmentée, un peu glauque en revêtant un certain caractère apocalyptique.

Cela dit, l’album regorge de trouvailles harmoniques et de mélodies éloquentes. Dès la première piste, on plonge dans un monde où le génie de Mikael Åkerfeldt ne fait pas défaut, on goûte alors successivement à des riffs assassins (« Hex Omega », « The Lotus Eater »), un jeu de piano minimaliste (« Heir Apparent », « Hesian Peel »), des arpèges délicats (« Coil », « Porcelain Heart »), et un chant riche, subtil…(« Porcelain Heart »). Les différents morceaux sont incroyables de cohérence et semblent se répondre. Les uns après les autres, ils alternent douce mélancolie et puissance apocalyptique à couper le souffle. « Hessian Peel », chef d’œuvre de onze minutes, illustre parfaitement cette définition.

Loin d’être démonstratif cet album est néanmoins résolument technique. Mikael Åkerfeldt et Fredrik Åkesson se répondent dans des arpèges et solos ambitieux tandis que Martin Axenrot déroule un jeu vif, précis… La musique en ressort dynamique et affirmée. La production (Jens Bogren) est de qualité et le mixage plutôt cohérent. On peut cependant regretter que des instruments comme la basse ou la batterie se retrouvent légèrement occultés par une distorsion un peu trop lourde. Quant à la voix, elle semble guider la musique en s’y intégrant parfaitement, on peut aussi se réjouir des effets de chœurs, utilisés à bon escient, qui apportent beaucoup en musicalité.

Watershed impose donc un caractère bien à lui et nous plonge dans une atmosphère singulière. On reconnaîtra cependant sans difficulté l’identité d’Opeth derrière cet album qui renouvelle le genre sans grande prise de risque.