Overhead - Telepathic Minds

Sorti le: 13/03/2023

Par Florent Canepa

Label: Progressive Promotion Records

Site: http://www.overhead-band.com/

Discrètement mais régulièrement, Overhead fait son chemin et sait convaincre les plus exigeants publics progressifs. Originaire de Finlande, pays où la maîtrise mélodique n’est plus à prouver, Overhead est un peu la version moins policée et plus alambiquée de The Rasmus. Ce n’est d’ailleurs pas leur faire insulte, tant le souffle pop se diffuse parfois sur certains titres (« The Pilot’s Not Fit To Fly », presque comme Phil Collins). L’autre grande particularité du groupe (et ceux qui le connaissent le savent bien) est le savant et inspiré usage de la flûte, qui, comme chez Jethro Tull qui l’a popularisée, fait bien office d’instrument à part entière et non d’artifice. Parfois jusqu’à délivrer le crescendo final (« Ghosts From The Future »).

Telepathic Minds est le fruit de toute une attente car la dernière livraison de la tribu d’Helsinki datait tout de même de 2018 – il faut croire que les périodes de confinement ont été propices aux retrouvailles de longue durée en studio. Qu’importe, le groupe se fiche ostensiblement des modes, des habitudes et possède son propre rythme en piochant dans le patrimoine musical de qualité (certains soli lorgnent très franchement sur la six-cordes de Jimmy Page ou Ritchie Blackmore sur le riffé et bluesy « Sleep Tight Sweetheart »). Amateurs de disruption, passez donc votre chemin car ici c’est un maëlstrom d’influences qui s’offre à nous et se loge aussi bien dans les seventies rugissantes (le premier hymne fantastique « War To End All Wars » comme un Barclay James Harvest musclé) que dans le glam des nineties (l’intro de « Sail Across The Universe » fait penser à Winger, « Almost Always Near The End » et ses synthés ardents à Journey). A cet effet, la rythmique de « Sheep Stay Silent » fleure bon le « Kashmir », en prise directe avec le désert.

Les formats sont très variables ; ce qui démontre que le groupe ne se laisse pas non plus emprisonner par une étiquette trop conceptuelle même si le morceau titre est une bravoure de dix-sept minutes pendant laquelle le guitariste Jaakko Kettunen se prend (avec brio !) pour Satriani. Alex Keskitalo possède toujours ce timbre râpé agréable et se permet même un growl (à vous de jouer pour le trouver !). On aurait presque aimé en entendre un peu plus tant il est le sympathique symbole d’une prise de risque. Certains pourraient objecter une production un peu lisse qui souffre d’un manque de relief. D’autres, des textes un peu trop collés à l’actualité. Et dire que Telepathic Minds est le meilleur album du groupe serait sans doute une exagération d’attaché de presse (on reste très obsédé par le brillant And We’re Not Here After All). Mais ce double opus fait très bonne figure dans une discographie plus qu’enthousiasmante !