Pure Reason Revolution - Above Cirrus

Sorti le: 20/10/2022

Par Florent Canepa

Label: Inside Out

Site: https://www.purereasonrevolutionofficial.com/

A l’image de cet ours polaire étouffé par la glace en couverture, Pure Reason Revolution fait un peu office d’animal en voie de disparition. Son hiatus musical avait certes été stoppé avec l’arrivée inespérée et inopinée du très électrisant Eupnea. Mais faire une telle proposition musicale de nos jours est hardi, et la disparité lors du dernier concert en France au Petit Bain montre qu’il n’est pas facile pour les Anglais de trouver un ou « leur » public. La confrontation de riffs très industriels nous rappelle à la fois les heures de gloire du genre (Stabbing Westward) tout aussi bien que ses débordements pop sympathiques (Babylon Zoo ou Sneaker Pimps) et nous installe tout tranquillement à la fin des nineties.

Sans verser dans la nostalgie à outrance, cela fleure bon le rock qui passait à la radio à l’époque, mais aussi les premiers accents électroniques qui venaient secouer le métal pour lui donner un petit air de club (le gigotant « Phantoms »). Les morceaux de Chloë Alper et Jon Courtney se payent en plus le luxe de s’étendre sur des plages assez longues; Above Cirrus, en bonne tête de proue progressive ne proposant que sept titres, certains comme le synthwave « Scream Sideways » dépassant même allègrement les dix minutes. Il ne nous en faudra pas plus pour nous convaincre de replonger dans ces chorus entêtants à deux voix, ces douceurs où la guitare se fait arpège et aérienne (« Cruel Deliverance » et son milieu entre Floyd et Yes) et où la fougue électrique nous emporte petit à petit.

Anachronique, certes, mais plus que sympathique, PRR propose comme aux premiers jours une production solide où la guitare verse presque plus dans l’alternatif comme Sonic Youth ou les Smashing Pumpkins que dans les canons plus traditionnels du métal. Certains titres loopent à gogo (« Dead Butterfly »), ce qui nous ferait presque nous sentir chez Apoptygma Berzerk, le mur de riffs bien plus conséquent en sus. Difficile de ne pas se laisser emporter par ce tourbillon si propre, si bien conduit, et qui nous replonge dans une époque plus décomplexée où le mélange de genres ne signifiait pas additions ou featuring, mais bien la création d’un style à part entière. Espérons que le duo (maintenant trio) soit de retour pour de bon !