Genesis - Nursery Cryme

Sorti le: 19/11/2018

Par Raphaël Dugué

Label: Charisma Records

Site: https://www.facebook.com/genesis/

Peu après la sortie de Trespass en 1970, Genesis doit faire face à sa première crise. Terrifié par la scène, le guitariste Anthony Phillips a en effet décidé de continuer en solo. Face à cette situation, Tony Banks, Michael Rutherford et Peter Gabriel décident alors de se séparer aussi de leur batteur qu’ils jugent trop limité et de trouver deux nouveaux membres afin de faire entrer le groupe dans une nouvelle dimension. Leur choix qui se porte sur Steve Hackett et Phil Collins se révèle être la meilleur décision tant leur contribution est essentielle et se remarque dès l’album suivant, Nursery Cryme.

De l’ouverture « The Musical Box » au final de « The Fountain of Salmacis », Nursery Cryme est le premier album d’une série de six qui reste encore aujourd’hui l’une des plus magistrales de l’histoire des musiques progressives. Dès les premières minutes du disque, les Anglais insufflent une dimension nouvelle aux ambiances pastorales que l’on retrouvait sur Trespass. L’album est porté par trois morceaux devenus des classiques du genre, « The Musical Box », « The Return of the Giant Hogweed » et « Fountain of Salmacis ». Le premier est une merveille de contraste entre la délicatesse et la furie, une leçon de style qui n’a pas fini d’influencer des générations de musiciens. Le deuxième, « The Return of the Giant Hogweed », joue sur les cassures rythmiques de Phil Collins pour créer une tension constante qui s’achève dans un final explosif. L’intro inspirée de Bach est aussi l’occasion pour Hackett d’expéŕimenter la technique du tapping. Le dernier morceau est lui l’un des meilleurs exemples du côté plus symphonique du groupe grâce à une part importante accordée au Mellotron ainsi qu’à l’orgue Hammond, il clôt l’album dans une apothéose lyrique.

Les morceaux courts ne sont pas en reste, ils offrent une respiration bienvenue ainsi qu’une homogénéité à l’ensemble. « Harold the Barrel » explore le côté théâtral alors que « For Absent Friends », « Seven Stone » et « Arlequin » montrent un versant plus délicat.

Moins aventureux que Foxtrot, moins sophistiqué que Selling England by the Pound, Nursery Cryme possède cependant une fraîcheur toute particulière que Genesis perdra un peu par la suite. C’est un des disques les plus emblématiques du genre progressif car il en contient tous les éléments décisifs sans ses excès.