JC Satàn - Centaur Desire

Sorti le: 01/10/2018

Par CHFAB

Label: Born Bad Records

Site: http://www.jcsatan.com/

JC Satàn… Voilà un nom de groupe qui, soit fait marrer, soit blêmir, c’est selon. Ici à Chromatique on a déjà choisi son camp, penchant toujours vers la découverte, le rock, et donc le plaisir non coupable. Et comme dirait l’autre en bon latin: exultate! Ce combo, fondé en 2010 par trois Bordelais, bientôt rejoints par deux Italiennes (une pour la basse, l’autre au chant), sort d’emblée deux albums sur un label américain de garage rock, puis le reste plus tard sur un label italien, le tout avec une réputation de dingue sur scène… Une question vous taraude? Que fait donc le style garage rock (dont ils ne se revendiquent pas vraiment d’ailleurs) dans nos pages de petits blancs bourges réacs ? On ne sait même pas danser tell’ment qu’on s’tord la nouille sur des kilomètres de rock ringardo pompier (des claviers dans ton rock? Tu sors !) ?… Aurions-nous les idées plus larges que veuille bien le penser la presse officielle?… C’est ce que nous allons tenter de démontrer. Sur ce point du moins.

Cinquième album de ce groupe, en plus d’une bonne pelletée d’EPs, et force est de constater que le propos garage, dont la vertu principale, en plus d’envoyer son mojo sur des sons façon Elvis sous acide, est de ne pas faire dans la fioriture, offre ici des idées musicales bien plus vastes que prévues. Un très bon point, déjà. Et oui, chez les progueux, on aime bien les musiques à plusieurs étiquettes… Et c’est là que finalement ce Centaur Desire (superbe titre, superbe pochette, super morceau) se profile davantage sous un étendard Stoner que garage, tant la fibre saturée et lysergique accompagne tout le disque. Alors évidemment il n’y a pas de long solo de guitare à proprement dit, pas d’acrobaties claviéristiques, pas de changement incessant de tempo ni d’ambiances, donc pas de prog ( Vade retro ! ) mais plutôt une sacrée collection de morceaux tous plus géniaux les uns que les autres, souvent des uppercuts, d’une force et d’une puissance rares. Mais la mélodie n’y est pas en reste, bel et bien, alternant avec, qui au chant (anglais ou italien), qui à la guitare, les décharges de plomb fondu, et autres secousses cervicales. Et le spectre des Beatles, du Pink Floyd originel ou des Queens Of The Stone Age de ne jamais se priver de hanter ces lieux délicieusement obliques. Ces Bordelais ont déjà pointé du doigt cette peur (incapacité?) généralisée et si présomptueuse des groupes actuels à citer leurs influences, tous obsédés par leur invention personnelle. Comme si le génie venait toujours tout seul… N’importe quoi!

Le son est monstrueux, à l’image de la créature goguenarde de la cover, et pour la première fois tous les musiciens ont participé à l’enregistrement. Ce disque reflète peut-être véritablement pour la première fois ce qu’en sera sa musique sur scène. Des guitares au son dément, épais, crasseux et tranchant comme la carlingue d’un dragster façon George Miller, élégant et racé, rayonnant et ivre comme un Bacchus des derniers jours. Une énergie superlative, comme à proportion des bassesses institutionnalisées d’aujourd’hui, surfinanciarisation du monde, mépris exponentiel de l’étranger, j’en passe…

On résume: ce psyché hard pop punk balaye tout d’un grand revers d’ultra rock. Et autant l’avouer tout de suite, l’album apparaît presque trop court ! Un propos très inspiré, une palette large, inventive, chaque compo faisant mouche, pour un résultat diablement magnifique, très équilibré, écrasant de sa botte toute tentative de renouer avec le meilleur d’un Amplifier, ou d’un GOASTT par exemple. Bref, il va falloir compter avec ce centaure-là. Une tournée française en septembre, avant d’aller laminer le reste de l’Europe.

Jean-Claude, c’est quand tu veux!