O.R.k. - Soul Of An Octopus

Sorti le: 30/03/2017

Par CHFAB

Label: RareNoise Records

Site: http://www.orkband.com/

On avait été plutôt séduit par cet OVNI au pedigree d’autant plus alléchant qu’il convoquait au moins deux musiciens de prestige, ressortissant l’un de King Crimson (Mastelotto, batterie), l’autre de Porcupine Tree (Edwin, basse). On avait applaudi à la voix très envoûtante du chanteur italien, Fornasari (aka Lef), dont le voile et le tremolo suaves rappelaient furieusement David Sylvian, sans nul doute l’une des plus belles et plus singulières voix de ces 40 dernières années… On avait d’autant apprécié les velléités math rock et indus de O.R.K. lorsqu’elles se rapprochaient de Rain Tree Crow, à la pop hantée, distillant une mécanique presque onirique, ou de King Crimson, pour des arpèges implacables et vénéneuses, avec cette basse ondoyante et mélancolique. On espérait évidemment enfoncer le clou de cette découverte, avec ce deuxième effort, aux promesses donc tentaculaires…

L’attente était-elle trop forte, encore influencée par cette distribution si prestigieuse? Il semblerait bien que oui, du moins pour cette fournée, car le soufflet retombe ici quelque peu. Exit ce qui faisait (à notre goût) le sel de cette pieuvre, à savoir des influences qu’on espérait davantage marquées, mais c’est tout le contraire; plus de Sylvian dans la gorge (ou si peu), place à un lyrisme au bord de la rupture, pour le chant, exit Rain Tree Crow, en faveur d’une inspiration soit inconséquente (carrément ! écoutez le morceau d’ouverture), soit tirant sur des terrains noisy et métal indus sortant peu du lot, dans les meilleurs moments. Au final, de l’artifice, si peu d’âme…

On décrirait volontiers une sorte d’art rock, parfois énervé, parfois non, mais aux marqueurs mélodiques trop vagues, et avec le sentiment d’une alternance systématique dans les ambiances… Bref, amateurs de Crimson et Porcupine, passez votre chemin. Ce qui au départ apparaissait comme un avantage finit ici par devenir un handicap… Ce sont bien les Italiens (avec le guitariste donc) qui semblent ici tenir la barre, et force est de constater qu’elle n’est pas bien haute, une fois détachés des influences premières… On y décèlerait presque quelque chose d’auto-complaisant… Souhaitons tout de même un beau rattrapage sur scène, aux vues de la tournée européenne qui s’ensuit…