Progressive Circus 2016

14/05/2016

Slagthuset - Malmö

Par L'équipe de Chromatique.net

Photos: Micha Köppl

Site du groupe :

Setlist :

Anekdoten : Get out Alive, From Within, The Great Unknown, Walking on the Wall, If it all Comes Down to Me, Shooting Star, Ricochet, Nucleus, Sad Rain, Gravity. IQ : Sacred Sound, Outer Limits, From the Outside In, Born Brilliant, Road of Bones, The Narrow Margin, Frequency, Guiding Light, Until the End, Headlong (Rappel : Awake and Nervous)

Depuis quelques années, l’association Progressive Circus promeut le rock progressif en Scanie, région du sud de la Suède avec, comme point d’orgue, le festival du même nom au mois d’avril. Le succès grandissant de cet évènement a permis la venue de pointures du genre. En 2015, c’était Änglagård et Beardfish qui étaient de la partie. Pour cette édition 2016 qui se déroule à Malmö, c’est au tour d’Anekdoten et de IQ d’assurer le spectacle, accompagnés de Soniq Circus, Me and My Kites et Atlas.

De Copenhague, il est relativement facile de se rendre sur l’autre rive du détroit de l’Øresund depuis la construction d’un pont entre les deux pays en 2000. Cette traversée spectaculaire et symbole d’ouverture (des thématiques parfaites pour la musique progressive) a malheureusement été ternie par, non pas un, mais bien deux contrôles d’identité, un rappel amer que la construction européenne et l’ouverture des esprits et des frontières est un travail permanent, sans cesse menacé par le conservatisme et la xénophobie.

Passé ce désagrément qui nous a retardés à l’entrée de la salle principale de Slagthuset (qui, comme son nom en suédois l’indique, est l’ancien abattoir de la ville de Malmö), elle comprend 500 places assises et possède un excellent son qui a mis en valeur tous les groupes présents au festival. Totalement immergé dans la tradition du prog classique, le premier groupe de la journée Soniq Circus montre une envie sympathique à défaut d’originalité. Tous les clichés du genre sont présents, morceaux longs, changements de rythmes, claviers symphoniques et cape rouge scintillante en prime, portés par la bonne humeur du groupe. En plus de ses compositions, le groupe joue des reprises de classiques du genre, ce qui ravi le public déjà présent.

C’est ensuite au tour de Me and my Kites de faire son entrée sur scène. La large formation suédoise qui comprend sept musiciens (une section rythmique trois guitaristes, une violoniste et une flûtiste) s’inspire de la pop psychédélique de la fin des années soixante. Ici encore, il n’y aura pas vraiment de surprise, le groupe se concentre sur un travail de mimétisme assumé, jusque dans les costumes de scène et, si la musique est agréable, les musiciens manquent parfois de présence. Les morceaux sont courts et basés sur des mélodies agréables portées par des orchestrations riches.

Troisième groupe suédois de la soirée, Atlas n’a sorti qu’un seul et unique album en 1979, Blå Vardag, considéré comme un chef d’oeuvre inconnu par certains. Le groupe s’est par la suite séparé, pour se reformer en 2016 à l’occasion du festival. Les musiciens d’Atlas, avec toute la bonne volonté du monde, restent stoïques pendant tout leur set, laissant un grand vide au milieu de la scène, les différents membres ayant choisi de jouer sur chaque côté. Il va de soi que certains nostalgiques qui ont découvert le groupe dans le passé ont été ravis de revoir le groupe culte d’antan, il est cependant difficile de trouver des qualités scéniques au groupe. La musique, quant à elle, est relativement convenue, restant dans les standards du progressif du milieu des années soixante-dix.

Changement d’ambiance totale par la suite avec la première tête d’affiche, Anekdoten. Accompagné par le guitariste britannique Marty Willson-Piper, les quatre Suédois démarrent leur concert par « Get out Alive » issu de leur dernier album, le très réussi Until All The Ghosts Are Gone. Tout de suite, le public est pris à la gorge par l’intensité des musiciens qui restera pendant tout le set. Anekdoten parvient à la perfection à retranscrire le tranchant progressif et sombre retrouvé sur leur dernier album. Les morceaux s’enchaînent dans un furieux torrent mélancolique et mélodique. Porté par les deux frontmans et chanteurs Nicklas Barker et Jan Erik Liljeström, Anekdoten possède une certaine présence et une énergie. Le groupe reprend aussi ses anciens titres, remontant jusqu’à Nucleus, et alterne avec ses nouvelles compositions. Aux claviers, on regrettera qu’Anna Sofi Dahlberg reste un peu trop en retrait par rapport au reste du groupe, le mellotron, par exemple, étant parfois un peu noyé dans le mix, un problème qui ne date malheureusement pas d’hier. Même dans les moments les plus calmes, le groupe conserve toute son intensité brute. Les morceaux sont dans l’ensemble conformes aux versions studio même si le groupe s’autorise parfois quelques envolées.

C’est enfin au tour d’IQ de clore la soirée. Une première pour Chromatique qui a bien dû voyager jusqu’en Suède pour assister à un concert des Britanniques (les concerts du groupe en France lors des dix dernières années sont en effet au nombre de zéro). Avec « Sacred Sound » de l’album Dark Matter, IQ possède le parfait morceau d’ouverture, débutant avec des nappes de clavier mystérieuses. Le titre s’emballe quand tous les musiciens jouent à l’unisson. Dès les premières minutes, IQ est parfaitement en place et Peter Nicholls montre une énergie communicative. Tout au long du concert le chanteur possède une présence captivante et sa voix si particulière est parfaitement en place. Même si le groupe anglais tourne peu, son professionnalisme est impeccable, avec son utilisation de la lumière et des projections vidéo issus des artworks des albums pour immerger son public dans la musique. Dans un concert en forme de résumé de la carrière du groupe, tous les albums avec Peter Nicholls ont eu droit à un ou plusieurs titres à l’exception de Ever. « The Road of Bones », « Frequency » ainsi que les morceaux des années quatre-vingt qui font partie des moments les plus réussis du concert. Le groupe ne se prive bien sûr pas non plus de jouer un long morceau épique dans la grande tradition du rock progressif. Le choix ne manque pas dans la discographie et c’est « The Narrow Margin » issu de Subterranea qui est à l’honneur ce soir. C’est l’occasion pour Nicholls d’annoncer que l’adaptation en film du concept album est bientôt terminée. Les titres les plus récents ainsi que les morceaux les plus vieux sont particulièrement bien interprétés par un groupe enthousiaste. Aux claviers, Neil Durant, arrivé sur le dernier album du groupe, The Road of Bones, prouve qu’il s’est parfaitement bien adapté à la formation britannique, maîtrisant son sujet de bout en bout que ce soit dans les ambiances ou les solos. Les autres membres sont tout aussi impliqués dans leurs sujets, Mike Holmes et ses solos toujours mélodiques, Paul Cook et Tim Esau formant une assise rythmique efficace. « Awake and Nervous » termine cette soirée d’une très belle façon, énergique et exaltante.

Pour cette troisième édition du Progressive Circus, la Chromateam a été gâtée par l’organisation de l’association suédoise du même nom. Si on peut peut-être déplorer un manque de prise de risque pour les formations les moins connues, Anekdoten et IQ on transcendé une soirée qui restera dans les mémoires.