– Bilan 2015 : Le bilan de la rédaction

S’atteler à l’exercice du bilan musical semble presque dérisoire après cette année 2015. C’est pourtant dans ces moments-là que la musique est la plus essentielle, qu’elle soit un défouloir cathartique comme au concert de Shining, quelques jours seulement après le 13 novembre ou qu’elle aide à panser les blessures. Elle est aussi l’exemple même de ce que le mélange des cultures et des peuples peut apporter de meilleur au monde. Du Japon à la Scandinavie, du metal au jazz voici ce que la Chromateam a retenu de cette année.

Florent Canepa

Les albums de l’année


1 : Ghost – Meliora
2 : Jaga Jazzist – Starfire
3 : Steven Wilson – Hand.Cannot.Erase.
4 : Caligula’s Horse – Bloom
5 : Failure – The Heart Is A Monster

Comme une ode au bon goût, il faut reconnaître lorsqu’un groupe plutôt populaire (invitation au Grand Journal de Canal+ tout de même) arrive à faire la synthèse entre réussite commerciale, artistique et esthétique. D’où ce choix inattendu peut-être de Ghost. Jaga Jazzist est suffisamment étonnant et riche instrumentalement pour se démarquer cette année. Quant à Wilson, je fais partie de ceux qui saluent un virage sans doute un peu propre et léché mais toujours très efficace à la fois dans le fond et la forme. Enfin, une transformation (les sémillants Caligula’s Horse) et un brillant retour de vieilles gloires (Failure) concluent ce top 5.

Les concerts de l’année

1 : Opeth – Beacon Theater New York, 22 octobre 2015
2 : Ibrahim Maalouf – Moods Zürich, 16 décembre 2015
3 : Ozric Tentacles – B.B. King Club New York, 14 juin 2015

Impossible de ne pas mentionner la puissance scénique du groupe de Mikael Åkerfeldt qui fêtait à cette occasion un vingt-cinquième anniversaire, démontrant ainsi toute la richesse et l’évolution des Suédois. Le lieu théâtral et la setlist reprenant l’intégralité de Ghost Reveries y étaient pour quelque chose. Ibrahim Maalouf interprétant Oum Kalthoum sur scène est aussi un grand moment qui va du rire (le trompettiste jouant l’apprenti trompettiste) à l’émotion (une introduction au oud pour présenter l’œuvre de la grande dame). Inoubliable. Ozric Tentacles, c’est un spectacle psychédélique où les lumières sont un acteur à part entière. Hallucinogène et finalement plus stimulant que sur leur dernier album.

L’espoir de l’année : In the presence of wolves

Un rock bien calibré teinté metal et progressif, une production solide : pas de doute, il faudra compter avec l’espoir de Brooklyn qui montre que le progressif américain peut aussi donner dans la finesse. Complexe mais pas pompeux, technique mais pas démonstratif, l’équilibre est déjà tout trouvé.

La déception de l’année : The Gentle Storm

Sorte de verrue celtico-symphonique, l’association entre une grande artiste vocale (Anneke Van Giesenbergen) et un génial compositeur (Arjen Lucassen) n’a pas pris, comme une mayonnaise refroidie au frigidaire qui a perdu sa texture, sa saveur et sa couleur. Dommage car au sein d’Ayreon cela avait un autre visage que cette double galette bouffie.

L’initiative de l’année : Anathema à Saint-Eustache

Un groupe de metal qui envahit une église ? Le groupe s’appelle Anathème ? En ces moments troubles où la religion sert de prétexte à des actes lâches, il est bon de retrouver une forme de réconciliation entre la musique dite du diable et les lieux saints. Dans certains pays, il est interdit de pratiquer le rock. A Paris, le rock s’est installé dans la maison de Dieu et la communion était céleste.

CHFAB

Les albums de l’année


1 : Moraine Groundswell
2 : Alfie Ryner – Brain Surgery
3 : William Drake – Revere Reach
4 : Kadra Estra – Strange Relations
5 : Homunculus Res – Come Si Diventa Cio Che Si Era
6 : Kitchen – The Clockwork Universe
7 : Simon Steensland – A Fairwell to Brains
8 : Beardfish – 4626 Comfortzone
9 : Castle Canyon – Criteria Obsession
10 : Guapo – Obscure Knowledge

Les concerts de l’année

1 : André Blazer’s Atoll, Festival Crescendo, Saint Palais sur Mer, 20 août 2015
2 : Wobbler, Festival Crescendo, Saint Palais sur Mer , 20 août 2015

La déception de l’année : Ange

Ange : Emile Jacotey Resurresction

Thierry de Haro

Les albums de l’année


1 : Yuka & Chronoship – The 3rd Planetary Chronicles
2 : Franck Carducci – Torn Apart
3 : Alco Frisbass – Alco Frisbass
4 : Nad Sylvan – Courting The Widow
5 : Steven Wilson – Hand. Cannot. Erase.
6 : The Tangent – A Spark In The Aether

Les Japonais de Yuka & Chronoship confirment et surpassent leur excellent album précédent (Dino Rocket Oxygen), entre ambiances planantes et atmosphères psychés. Les trois suivants me semblent indispensables cette année. D’abord Franck Carducci qui, avec son nouvel album, plus rock que le premier, mais aussi plus progressif, fait étalage de tout son talent – recommandation particulière pour les trois morceaux les plus longs. Et puis Alco Frisbass – un “Ovni” arrivé début 2015, entre scène canterbury et jazz-fusion façon Mahavishnu ! Nad Sylvan fait revivre la scène Genesis dont Peter Gabriel était le fer de lance. Influences certaines, mais un ton nouveau : l’évitement du piège de la redite pure et simple lui vaut une bonne place dans ce top. Enfin la cinquième place … difficile de choisir entre The Tangent : très bel album, mais un poil en-deçà du précédent (The Rites Of Work) et Steven Wilson … Certes son Hand. Cannot. Erase. semble faire l’unanimité sur les réseaux sociaux, mais si l’audace et l’inventivité de ses deux albums précédents en avaient fait des Top One pour votre serviteur – celui-ci paraît beaucoup plus conventionnel. Néanmoins, écoute indispensable des sublimes « Home Invasion » et « Regret #9 », qui pourraient être “titres de l’année” si la catégorie existait.

Les concerts de l’année

1 : Paul McCartney – Stade de France, Paris – 11 juin 2015
2 : Anathema – Eglise Saint-Eustache, Paris – 05 juin 2015
3 : André Balzer’s Atoll – Festival Crescendo, St Palais sur Mer – 21 août 2015
4 : Wax’In – Le Triton, Paris – 11 décembre 2015
5 : Steven Wilson – Olympia, Paris – 25 Mars 2015
6 : Franck Carducci – Péniche Antipode, Paris – 30 janvier 2015
7 : Wobbler – Festival Crescendo, St Palais sur Mer – 22 août 2015

Les rencontres improvisées sont souvent les plus intenses. Le concert de Paul McCartney est la traduction de cette constatation tant il n’était pas prévu dans mes plans. Concours de circonstances et claque aussi puissante qu’inattendue : Paulo a soixante treize ans, joue pendant trois heures des morceaux des Beatles (vingt-six sur quarante-deux), des Wings et quelques-uns perso … public ultra-réceptif, entre émotion et rock’n roll, instants magiques : un moment inoubliable !
Le concert d’Anathema à Saint-Eustache donnait des frissons : pour le symbole, pour la beauté de leur musique en acoustique, pour la joie d’avoir fait partie de ces cinq cents chanceux. En ce qui concerne Atoll, un concert magnifique sous le soleil, en bord d’océan : André Balzer, poète des temps modernes en habit de lumière, fait revivre un répertoire qui ne nous a en fait jamais quittés depuis les seventies (enfin, pour ceux qui y étaient). Dans la lignée des belles surprises 2015 … Wax’In ! Mais nous en reparlerons plus loin dans ce bilan.
Comment évoquer un top live et omettre Steven Wilson ? Qualité et inventivité de la mise en scène, musiciens hallucinants … un show que l’on prend en pleine face surtout lorsqu’on se trouve au premier rang du balcon de l’Olympia, face à la scène ! Franck Carducci pour son concert à la Péniche en début d’année … d’abord un lieu super convivial et ensuite un concert incandescent et un public conquis. Une belle soirée ! Pour finir, même si le Crescendo a déjà été évoqué, on ne peut pas écarter la prestation de Wobbler – c’est comme demander à un parent quel est son enfant préféré ! J’ai même entendu qu’il s’agissait là de l’un des meilleurs concerts depuis que le festival existe. Espérons le voir un jour en vidéo !

L’espoir de l’année : Alco Frisbass

La richesse de leur premier album entraîne une double prise de décision : 1) Ecouter et écouter encore, car c’est un album qui se dévoile un peu plus à chaque écoute, 2) Attendre patiemment la sortie du nouvel album, tant le passage de deux à trois membres s’avère encore plus prometteur …

La déception de l’année : Gazpacho Molok

Depuis quelques albums, Gazpacho s’enlise dans une musique fade et sans relief. Molok n’échappe malheureusement pas à la règle et vient enrichir la liste des objets dispensables que l’on refourguera aux prochains vide-greniers.

L’initiative de l’année :

Le Triton, lieu de concert parisien, crée l’évènement en associant quatre musiciens incontournables de la scène locale : Wax’In est constitué … avec Médéric Collignon (voix, cornet, claviers), Christophe Godin (Guitare), Philippe Bussonnet (Basse) et Franck Vaillant (Batterie). Chacun y apporte son savoir-faire, son expérience (le Jus de Bocse, Morglbl, Magma ou Print … c’est quand même de sacrées cartes de visite …) et la mayonnaise prend ! Résultat : un show exceptionnel, tonitruant, envoûtant et terriblement jouissif !

Maxime Delorme

Les albums de l’année


1 : Klone – Here Comes the Sun
2 : Steven Wilson – Hand. Cannot. Erase
3 : Failure – The Heart is a Monster
4 : Snarky Puppy & Het Metropole Orkest – Sylva
5 : Our Oceans – Our Oceans

L’album de l’année en ce qui me concerne, c’est Here Comes the Sun de Klone. Un virage très serré pour les Poitevins qui nous offrent un album tout en finesse, nuance, et volupté. C’est beau, c’est bien écrit, et la simplicité apparente recèle en fait un magnifique travail d’écriture. Le reste du top n’est pas particulièrement surprenant en ce qui me concerne : Wilson a réussi une nouvelle fois son album. Et même si la première écoute rappelle beaucoup de choses du passé du Britannique, les écoutes suivantes nous plongent dans un monde ténébreux, triste et beau. Le retour de Failure n’a pas déçu et a été dûment noté. Même si l’on se trouve à la limite de la ligne éditoriale, Failure nous propose ce que le rock alternatif a de mieux à offrir au genre : des compos originales, bien ficelées et accessibles. Snarky Puppy et son Sylva m’aura heurté de plein fouet (et je sais que je ne suis pas le seul de la rédaction dans ce cas). Un jazz hyper mélodique, très chargé, complexe mais tout de même facile d’accès. Enfin, la surprise de fin d’année revient à Our Oceans, le projet de Tymon Kruidenier, ancien membre de Cynic. Il délivre une musique planante à la Portal, les claviers dégoulinants en moins.

Les concerts de l’année

Opeth – Le Trianon, Paris, le 26 Octobre 2016

Les vingt-cinq ans d’Opeth étaient une excellente occasion de rejouer en intégralité le fantastique album Ghost Reveries sur scène. Et quelle scène pouvait mieux héberger la prestation que le Trianon, et ses décorations entièrement dans le ton de l’album ! Un Akerfeldt en forme, une setlist sans faute, un son parfait, de la bonne humeur et la célébration d’un des piliers du death metal-prog.

L’espoir de l’année : Our Oceans

Le groupe mené par Tymon Kruidenier nous donne un aperçu du potentiel “pop” d’un projet monté par des musiciens venus du death technique. Très clairement, la touche jazzy qui était déjà très présente dans le jeu de Tymon à l’époque où il officiait pour Cynic se retrouve dans cet album plein de subtilités. Le résultat est à la fois beau, planant et présage plein de bon pour de futurs albums !

La déception de l’année : Gazpacho – Molok

J’ai longtemps hésité entre Gazpacho et Gentle Storm pour cette déception. Je pense que Molok gagne tout de même la palme. Gazpacho a trouvé sa formule et s’enfonce à chaque album un peu plus loin dans les mêmes recettes sans jamais en sortir. Si c’était brillant sur Night et s’ils avaient su raviver une certaine flamme sur March of the Ghosts, Demon et maintenant Molok montrent que le groupe est en bout de souffle et qu’il va falloir tirer sévèrement sur le manche pour redonner de l’élan à Gazpacho …

Raphaël Dugué

Les albums de l’année


1 : Jaga Jazzist – Starfire
2 : Steven Wilson – Hand. Cannot. Erase.
3 : Ibrahim Maalouf – Red & Black Light

Cette année 2015 a été propice au voyage, interstellaire d’abord, avec Starfire de Jaga Jazzist dont les compositions instrumentales, entre le progressif le jazz et le psychédélisme, sont un émerveillement sans cesse renouvelé. Partagé entre un passé sublimé et un futur incertain, le voyage mélancolique de l’héroïne de Steven Wilson est une plongée réussie dans l’Angleterre contemporaine. Enfin, Red & Black Light du Français Ibrahim Maalouf, est un voyage entre modernité et tradition, Orient et Occident qui appelle à la tolérance et au mélange, un album essentiel en cette période de repli sur soi.

Les concerts de l’année

1 : Kayo Dot – Espace B, Paris, 20 avril 2015
2 : Steven Wilson – L’Olympia, Paris, 25 mars 2015
3 : Änglagård – Le Triton, Paris, 07 avril 2015

Malgré un set réduit et beaucoup d’ennuis lors de leur tournée, les musiciens de Kayo Dot ont, contre l’adversité, délivré le concert le plus intense de l’année. Pas de surprises venant de Steven Wilson et Änglagård, les deux groupes ont impressionné leurs publics par des qualités musicales et une émotion toujours présente.

La déception de l’année : Battles

Un concert à Paris décevant suivi par un disque qui l’a été tout autant, 2015 n’a pas été une bonne année pour les New Yorkais de Battles. Espérons seulement que ce qui a été l’un des groupes phare du math rock arrive à retrouver l’inspiration.

L’initiative de l’année : Ibrahim Maalouf, toujours plus haut

N’en déplaise aux gardiens du temple jazz, Ibrahim Maalouf a bénéficé d’une présence médiatique inespérée pour le genre. En plus d’être ouverte sur le monde, la musique du Français réussit à être à la fois complexe et accessible, elle pourrait tout aussi inciter une partie de ses auditeurs à découvrir les musiques aventureuses pour le meilleur.

Jean-Philippe Haas

Les albums de l’année


1 : Ibrahim Maalouf – Red & Black Light
2 : Ange – Emile Jacotey Resurrection Live
3 : Plaistow – Titan
4 : Ghost Rhythms – Madeleine
5 : Karda Estra – Strange Relations

2015, une année excellente pour le jazz, ou plutôt pour LES jazz. Car qu’y a-t-il de commun entre la perfection glacée du Titan de Plaistow, les chaudes couleurs féminines de Red & Black Light d’Ibrahim Maalouf et la débauche d’inspiration de Madeleine par Ghost Rhythms ? Musicalement, pas grand-chose, si ce n’est des tentatives réussies pour transmettre des émotions particulières. A bien y réfléchir, il y a tout de même quelque chose qui réunit ces trois perles : la langue française, dont la présence symbolique sur ces albums instrumentaux lie en filigrane les Parisiens, les Suisses et le Franco-Libanais. Deux autres valeurs sûres viennent se glisser dans les réussites de 2015 : le formidable concert d’Ange qui célèbre Émile Jacotey, la France des régions, des paysans, de la tolérance, et l’étonnant Strange Relations de Karda Estra, jetant l’ambient gothique de Richard Wileman sur les routes du jazz.

Les concerts de l’année

1 : Fish – Night of The Prog, Loreley Amphitheater, 18 juillet 2015
2 : Plaistow– Jazzdor, CEAAC, Strasbourg, 9 novembre 2015
3 : Panzerballett – Le Triton, Paris (Pantin), 19 décembre 2015

Petites salles ou grandes scènes, continuons à soutenir le spectacle vivant, et ne cédons pas à la peur et au tout sécuritaire. Les artistes ont besoin de nous.

L’espoir de l’année : Slug

Ex Field Music, le bassiste Ian Black a crée Slug, groupe de pop rock indépendant qui n’a rien à envier à personne. Ripe est un concentré de trouvailles en tout genre, une mine de petites chansons aussi décalées qu’accrocheuses.

La déception de l’année : aucune…

…sauf si le décès de grands artistes comme Chris Squire, David Bowie ou Lemmy Kilmister peut être considéré comme une déception.

L’initiative de l’année : les nouveaux festivals prog en France (Rock au Château, Festival Quadrifonic)

Monter un festival consacré à une niche musicale n’est pas chose aisée, et encore moins rentable. Si la pérennité de certains événements désormais reconnus est assurée (Crescendo, RIO Festival…), d’autres se montent chaque année au petit bonheur la chance et connaissent des fortunes diverses. Les deux nouveaux arrivants, Rock au Château (Villersexel, 70) et le Festival Quadrifonic (Chadrac, 43) sont les bonnes surprises de cette année 2015. Malgré leurs situations géographiques plutôt éloignées des grandes agglomérations, ils offriront à leurs spectateurs une seconde édition en 2016. Chapeau bas aux organisateurs.

Aleksandr Lézy

Les albums de l’année


1 : Failure – The Heart is a Monster
2 : Zombi – Shape Shift
3 : Zeus! – Motomonotono
4 : Ni – Les Insurgés de Romilly
5 : Panzerballett – Breaking Brain
6 : John Zorn – Simulacrum
7 : William Parker – For Those Who Are, Still
8 : Snarky Puppy & Het Metropole Orkest – Sylva
9 : Jaga Jazzist – Starfire
10 : Father John Misty – I Love You, Honeybear

Les concerts de l’année

1 : Dream Theater – Théâtre Antique, Arles, 20 juillet 2015
2 : Vektor – Le Korigan, Luynes, 23 novembre 2015
3 : Appolonius Abraham Schwarz – Asile 404, Marseille, 4 octobre 2015

La déception de l’année : Faith No More

L’album insipide de Faith No More et la toute petite durée de l’excellent Slag Tanz de Magma

Lucas Linussio

Les albums de l’année


1 : Steven Wilson – Hand.Cannot.Erase.
2 : Rendezvous Point – Solar Storm
3 : Klone – Here Comes The Sun
4 : Leprous – The Congregation
5 : Riverside – Love, Fear and the Time Machine
6 : Caligula’s Horse – Bloom

L’année 2015 aura été un excellent cru, aussi il m’était trop difficile de faire un top 5, vous aurez donc le droit à un petit bonus ! Commençons bien sûr par mes deux coups de cœur. Steven Wilson, toujours au sommet nous plonge dans un univers mélancolique et mélodieux. Il signe une œuvre grandiose frôlant la perfection. Aussi, le premier album de Rendezvous Point frappe fort ! Un concentré de ce qui se fait de mieux dans le metal progressif aujourd’hui. Klone réussit son virage musical avec brio ! Here Comes The Sun est un voyage vers les riffs planants et acérés comme ils savent si bien le faire. Ensuite, Leprous continue de marquer les esprits avec son metal prog/djent très personnel qui montre encore une fois leur originalité ! Passons au cinquième album. Riverside sort un album très différent des précédents, plus pop. Pour ma part, c’est très réussi. Et pour finir ce top, rien de tel que le dernier Caligula’s horse. Un grand groupe en devenir, le mélange unique de la voix suave de Jim grey et de la brutalité des riffs de Sam Vallen ! Un Must Have.

Les concerts de l’année

1 : Steven Wilson – L’Olympia, Paris 25 mars 2015
2 : Opeth – L’ancienne Belgique, Bruxelles 15 octobre 2015
3 : Leprous – Le Divan Du Monde, Paris 05 octobre 2015

Steven Wilson en concert, c’est des musiciens hors normes, un son époustouflant, une setlist équilibrée et des frissons à chaque morceau. Opeth, pour ses vingt-cinq ans de carrière, occupe les planches de L’ancienne Belgique pour trois heures de musique répartie en deux sets : le premier consacré à Ghost Reverie et le deuxième un peu plus standard. Au Divan du Monde, Leprous s’est déchaîné pour conforter leur dernier album. Une ambiance hors du commun et un jeu de scène plus étoffé que les tournées précédentes. Mention spéciale pour Rendezvous Point en première partie. Une musique prenante du début à la fin !

L’espoir de l’année : Draw Me A Sheep

Ce groupe de Toulousains a retenu les attentions avec un album frais, énergique et décalé ! Une production sans accrocs et des accents de djent qui feraient pâlir les pionniers du genre. Une belle découverte !

La déception de l’année : Next To None

Le groupe du jeune fils de Mike Portnoy a sorti son premier album. Malgré une production convenable, les compositions sont trop frêles et le niveau global n’est pas digne d’être publié sous le label Inside Out. On dit merci papa pour le piston !

L’initiative de l’année : Gavin Harrison – Cheating The Polygraph

Le batteur virtuose propose un album de reprise de chansons de chez Porcupine Tree revisitées à la sauce Jazz. Une belle réussite qui saura combler tout fan de cette incontournable formation du rock progressif.

Elisabeth Parnaudeau

Les albums de l’année


1 : Ghost – Meliora
2 : Von Hertzen Brothers – New Day Rising
3 : Leprous – The Congregation
4 : Agent Fresco – Destrier

Habemus Papam et un superbe nouvel album ! Les mystérieux Suédois de Ghost nous donnent des folles envies de messes noires pas sages du tout. Restons en Europe du Nord avec les Finlandais de Von Hertzen Brothers, qui distribuent généreusement leur énergie et leur joie de vivre communicative avec New Day Rising. Plus torturés et mélancoliques, Leprous et Agent Fresco ont enfoncé le clou en 2015 avec des sorties de belle facture qui plongent dans les méandres tortueux de l’âme humaine.

Les concerts de l’année

1 : Leprous – Divan du Monde, Paris, 05 octobre 2015
2 : Shining – Divan du Monde, Paris, 18 novembre 2015

Encore une année riche en concerts, il a été dur de sélectionner ! Mais Leprous a su dynamiser avec brio une foule électrisée qui n’hésitait pas à chanter en chœur avec le groupe. Le concert de Shining avait une saveur particulière et inoubliable. Quelques jours après les tristes attentats qui ont frappé Paris, ils ont su trouver les mots justes pour dire un gros fuck aux empêcheurs d’écouter de la musique et d’aimer la vie en rond. Un moment cathartique émouvant et inoubliable.

La déception de l’année : The Gentle Storm – The Diary

On aurait pu croire que la somme des talents d’artistes aussi brillants qu’Arjen Lucassen et Anneke Van Giersbergen allait produire un album exceptionnel. Que nenni, et la déception n’en est que plus grande ! Aussi bien sur la partie gentle que storm, le soufflé ne prend pas et laisse cruellement sur sa faim.

L’initiative de l’année : Le retour d’Enchant à Paris

Les Californiens se font rares à Paris, c’était un plaisir de les voir poser leurs valises au Backstage du Moulin Rouge pour un concert sympathique et assez intimiste.

Florent Simon

Les albums de l’année


1 : Magma – Slag Tanz
2 : Ibrahim Maalouf – Red & black light
3 : Sufjan Stevens – Carrie & Lowell
4 : Anekdoten – Until all the ghosts are gone
5 : Steven Wilson – Hand.Cannot.Erase.

Les concerts de l’année

1 : King Crimson – L’Olympia, Paris 21, septembre 2015
2 : Magma – La batterie, Guyancourt, 28 janvier 2015
3 : Napoleon Murphy Brock with Mats Öberg & Benoit Moerlen – La chapelle des Lombards, Paris (10/12)

La déception de l’année: David Gilmour – Rattle that lock

Non pas que l’album soit médiocre, c’est tout le contraire ; j’aurais simplement aimé plus de prise de risque de la part d’un David Gilmour aussi expérimenté que talentueux, à la manière des instrumentaux enchaînés de The Endless River.

L’initiative de l’année : l’exposition « David Bowie is » à la Philharmonie de Paris

Il faut espérer d’autres événements aussi intéressants et complets en 2016 ! Sans parler du prochain album du Thin White Duke, Blackstar qui fait déjà couler beaucoup d’encre.

Dan Tordjman

Les albums de l’année


1 : Steven Wilson – Hand. Cannot. Erase.
2 : Spock’s Beard – The Oblivion Particle
3 : Ghost – Meliora
4 : Caligula’s Horse – Bloom
5 : Hasse Froberg & Musical Companion – HFMC

Steven Wilson a écrasé 2015 de sa classe, de son flegme et de son talent. Preuve en est avec Hand. Cannot. Erase. et la tournée mondiale qui a suivi sa sortie. Spock’s Beard, dans sa nouvelle mouture, sort un excellent The Oblivion Particle salué par tous au même titre que Caligula’s Horse et, dans un registre moins étendu mais tout aussi qualitatif, Hasse Fröberg & Musical Companion. Tous ces groupes ont beau truster les premières places des différents classements, ils ont été avalés par le raz-de-marée Ghost dont Meliora a laissé nombreux fans pantois.

Les concerts de l’année

1 : Enchant – Backstage By The Mill, Paris, 13 octobre 2015
2 : Steven Wilson – Olympia, Paris, 23 mars 2015
3 : The Neal Morse Band – Divan Du Monde, Paris, 09 mars 2015

Pour votre serviteur, la part de concerts s’est limitée à la portion congrue. Si Steven Wilson, une fois encore, semble remporter tous les suffrages, le concert d’Enchant, malheureusement très (trop) intimiste fut le théâtre d’une excellente soirée progressive avec Hasse Fröberg & Musical Companion où la connivence et la communion avec un auditoire, aussi maigre fut-il, étaient palpables. De communion, il est également question avec The Neal Morse Band qui a littéralement retourné le Divan du Monde en mars dernier, accompagné de Beardfish dont le capital sympathie augmente toujours un peu plus à chaque passage à Paris.

L’espoir de l’année : 6h33

L’espoir de l’année est Made In France et il a du potentiel pour casser la baraque à l’échelle internationale. 6h33 fait office d’héritier naturel de Faith No More avec une touche de folie un peu plus importante que celle qui trotte dans la tête de Mike Patton depuis plus de vingt-cinq ans.

La déception de l’année : The Gentle Storm

Et pourtant, l’association d’Arjen Lucassen et Anneke Van Giersbergen avait de quoi susciter excitation et intérêt. Or, au final, la voix enchanteresse de la belle finit par lasser.

L’initiative de l’année : Le concert hommage à Tony McAlpine

2015 annus horribilis. Nombreux musiciens progressifs et assimilés nous ont quittés. Si Mike Porcaro et Chris Squire sont décédés, Tony McAlpine (qui lutte encore contre un cancer du colon) a fait l’objet d’un concert dont les bénéfices seront reversés à sa famille pour lui permettre de vaincre la maladie. Un concert pour lequel des pointures comme Mike Portnoy, Steve Vai, Zakk Wylde, Nuno Bettencourt, John 5 ou encore Richie Kotzen ont fait le déplacement.