Enchant - The Great Divide

Sorti le: 25/08/2014

Par Dan Tordjman

Label: Inside Out

Site: www.enchantband.com

The Great Divide est l’album de 2014. Achète-le.

Par où commencer cette chronique ? Ce nouvel album d’Enchant réellement fait figure d’arlésienne pour les amateurs de rock progressif à tendance mélodique. Si, si, il en subsiste encore quelques uns ! Respectivement onze et neuf années se sont écoulées depuis les sorties de Tug Of War et Live At Last. La fin d’un chapitre pour le groupe qui a vu certains de ses membres papillonner à droite, à gauche (notamment Ted Leonard qui a rejoint Spock’s Beard) mettant un point d’interrogation sur l’avenir d’Enchant. Mais aujourd’hui, l’heure du réveil a bel et bien sonné et Douglas A. Ott et sa clique ont bien l’intention de se rappeler à ton bon souvenir. Toutefois, un doute subsiste : après une telle attente, c’est quitte ou double. Alors, au moment d’appuyer sur la touche « lecture », tu es tout excité.

Un sentiment d’excitation, donc. Que celui-ci soit teinté d’inquiétude ou de sérénité, le fan sera tout attentif à cette première écoute qui peint le tableau d’un groupe en forme olympique. Une surprise de taille à la lecture des crédits : Doug Ott, jusqu’ici principal maître à bord, a pris le parti d’inclure Bill Jenkins, Sean Flanegan et Ed Platt dans le processus de composition, ne laissant apparaître que « Transparent Man » comme étant entièrement de sa plume. Doug, ne change rien : c’est la meilleure idée que tu aies eue et elle nous amène au constat que tes compagnons savent aussi composer ! Bill Jenkins est ainsi particulièrement sous le feu des projecteurs tout le long du disque au travers de quelques soli plutôt bien sentis comme sur « Deserve To Feel » où il donne à la réplique à son compère guitariste. Que ce soit « Circles » et ses passages au vocoder chers à Jeff Lynne (ELO), Daft Punk (sic), ou le génial « Within An Inch » dont le lyrisme démesuré peut rappeler Queen par moments, chacun a réussi à apporter sa patte sans pour autant empiéter sur les autres instruments. Les fans de Yes seront ravis de l’hommage d’Ed Platt à Chris Squire sur le titre éponyme de l’album, dont l’intro de basse jouée au mediator rappellera les années fastes du grand blond à la Rickenbacker. Quant à Doug Ott, il ne cesse de prouver qu’il est bien le fils spirituel né de l’union d’Alex Lifeson et Steve Rothery, l’un des rares à encore faire vibrer un auditeur en 2014.

Ted Leonard a également des choses à dire et les expose de belle manière à travers deux titres, le direct « All Mixed Up » qui te chope à la gorge comme un anaconda sortie du fleuve Amazone et « Life In A Shadow » plus mélodique et qui n’aurait pas fait tache sur un projet parallèle du bonhomme. De manière générale, la part belle est faite aux arrangements, tout particulièrement sur les chœurs et harmonies vocales bien plus touffues (à deux, c’est bien. A trois, c’est bien mieux) que par le passé. Ils ont leur place dans cette musique riche qu’est celle d’Enchant qui a apporté à The Great Divide. Elle fait apparaître nombre d’émotions, que ce soit par la voix de Ted Leonard, la guitare de Doug Ott ou toute autre contribution de leurs acolytes. L’alchimie semble tellement évidente et il paraît impossible de passer sous silence « Deserve To Feel » échappé tout droit d’une session de composition de Yes période 90125. Les mélodies et certains refrains sont assez accessibles et accrocheurs, notamment ceux de « Transparent Man » et « Life In A Shadow ». Bon ok, ils sentent Jellyfish à plein nez, mais quand on sait qu’Ott & Leonard sont de véritables geeks de ce groupe, on comprend mieux pourquoi. Par deux fois, le taux d’émotion atteint un pic, sur « Within An Inch » et sur le grandiose « Here & Now ». Tu n’as pas vibré depuis longtemps à l’écoute d’un disque de progressif ? Ne me parle pas de Transatlantic ou des Flower Kings et de leurs pavés de trente minutes, devenus désormais prévisibles. Ne cherche pas plus loin, tu as là, LA perle. Celle que l’on espère depuis onze ans et qui vaut réellement l’attente (rappelons que l’on parle des géniteurs d’A Blueprint Of The World, l’un des meilleurs disques de progressif des années quatre-vingt-dix). Alors oui, messieurs, vous nous avez tenus en haleine. Nous vous en avons voulu pour ça, mais à l’écoute de ce Great Divide, on ne peut pas s’empêcher de vous témoigner notre reconnaissance pour avoir sorti un tel disque. Merci !