William D. Drake - The Rising Of The Lights

Sorti le: 26/03/2012

Par Christophe Manhès

Label: Onomatopoeia Records

Site: williamddrake.wordpress.com

Il faut croire que dans la lignée des Drake, le gène de la musique est précieux. Entendez celui de la Musique avec un grand M, capable de laisser percer la beauté des profondeurs dont elle est justement la meilleure des porte-paroles. Ainsi donc, dans la généalogie des Drake on trouve, excusez du peu, Nick, fameux chanteur et guitariste, mort trop jeune, troubadour divin, peut-être le plus grand et le plus influent des folkeux seventies. Puis cet étonnant William D., lui bien vivant, claviériste émérite, chanteur et compositeur de grande classe dont le savoir-faire polymorphe prend sa source chez les Cardiacs, groupe art-punk azimuté et culte dont il fut membre pendant près de dix ans.

Désormais émancipé du rock énervé de son groupe d’origine, il mène une carrière solo sous son propre nom et ce, si l’on en juge par ce The Rising of the Lights, avec une réussite artistique réellement insolente. Par son élégance, sa finesse et sa fantaisie, cet album peut être vu comme une apothéose contemporaine du rock progressif « so british » à ranger sans honte à côté d’un Selling England by the Pound (la sublime ballade d’« In an Ideal World »). Mais l’originalité du style de Drake va bien au-delà de cette prestigieuse référence. On y respire aussi cette effluve relevée et ludique particulière aux Cardiacs et ce nordet sans âge véhiculé par les splendeurs nordiques dont Lars Holmers a su par exemple se rendre si digne (la magie et l’humour de « Ziegler »).

Il est possible de faire aujourd’hui du rock progressif sans être kitch et passéiste ! Pour vous en convaincre il suffit de vous pencher sur ce The Rising of the Lights. Capable de satisfaire autant les tenants du modernisme que ceux de la nostalgie, merveilleusement chanté, cet album se révèle vite comme une œuvre exemplaire, équilibrée, variée et jouisseuse, mais aussi comme l’expression rare d’une extravagance jamais dépourvue de profondeur. Certainement un des plus beaux moments de musique que l’Angleterre nous ait servi depuis…