Lemurya - Soma

Sorti le: 28/01/2011

Par Christophe Manhès

Label: AMMD

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La french touch dont peuvent faire preuve certaines formations hexagonales telles que Citadel ne fait pas mouche à tous les coups. La preuve avec les Nantais de Lemurya, dont le progressif électrique est vraiment trop éloigné de la qualité standard que tout groupe, même pour son premier album, devrait exiger de lui-même. Il fut un temps – désormais éloigné – où le niveau musical minimum d’une formation devait être assuré avant d’espérer atterrir dans les bacs.

Or, la roue a tourné et l’autoproduction s’est généralisée grâce à la démocratisation du matériel. Si des groupes au tempérament fort et original (Tapetto Traci, Sebkha-Chott, Jack Dupon, etc.) y trouvent l’occasion inespérée de sortir du dictat des gros labels, d’autres feraient bien de réfléchir à deux fois avant de se laisser tenter par l’aventure de l’album.

Lemurya n’est pas à proprement parler un mauvais groupe. Le niveau technique, notamment de la section rythmique, révèle de belles facultés. Seulement, leur chanteur, énervant et peu juste, semble singer de la plus mauvaise manière le style déjà très controversé d’Omar Rodríguez-López. Ensuite, et contrairement à ce qu’ils avancent, leurs compositions n’ont vraiment rien de marquant. Sinueuses sans être étourdissantes, saupoudrées d’ambiances latines sans être fusionnelles, elles ne bouleversent rien, c’est un euphémisme.

Pour sentir le début d’un frisson, il faudra attendre l’originalité des treize dernières minutes de « 531 », bizarrement traité comme un titre… caché ! De plus, Soma est desservi par une production catastrophique. À moins de s’appeler Magma et d’être capable de rattraper ce type d’erreur grâce à la scène, il est malheureusement plus difficile pour un quidam de faire passer la pilule.

Imaginons un romancier dont le livre serait publié avec une typographie floue : forcément, au bout de quelques pages, le mal de tête débute. Laborieux, beaucoup trop long (une heure et dix minutes), d’une conception sonore médiocre et d’un concept vaseux, ce premier album des Français manque cruellement de maturité. Leur cas n’est peut-être pas désespéré, loin de là, mais il est à espérer vivement que la prochaine fois, ces musiciens se donneront davantage les moyens d’être crédibles.