Madelgaire - (Im)patience

Sorti le: 05/01/2011

Par Jérôme Walczak

Label: autoproduction

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Les orientations artistiques choisies par ces Belges prêteraient assez facilement le flanc à la critique. Trois traditions s’enchevêtrent dans cette musique toujours simple et accessible : des emphases à la Atoll, quelques rares et heureuses digressions verbeuses auxquelles le public traditionnel d’Ange est habitué, le tout nimbé dans un folklore médiéval qui fort heureusement n’est jamais poussé à son paroxysme.

La franchise oblige d’ailleurs à admettre que l’on n’attendait plus grand-chose de ce groupe, tant les annonces de reports d’albums se succédaient année après année, depuis le triomphe de leur prestation à la Convention Prog-Résiste de 2005. Ce jour-là, une farandole entraînante introduisait l’entrée de véritables ménestrels qui surent surprendre un public prêt à se mettre sous la dent une énième resucée de Malicorne.

Contrairement à tout un fatras de groupes estampillés « folk prog », Madelgaire ne verse jamais dans le monomaniaque aux gros sabots crottés d’une bourrée auvergnate. Les cinq artistes préfèrent agir sur les ambiances progressives, insister sur une écriture sophistiquée pleine de chœurs et de mille petits détails qui incitent à penser que la musique qu’ils proposent aujourd’hui est belle et bien digérée.

(Im)patience porte d’ailleurs bien son nom car le public attentif se voit ici récompensé. Ce disque regroupe avec panache plusieurs périodes de la vie tumultueuse du groupe, si bien qu’il peut être parfois ardu d’y repérer une unité conceptuelle. Il faut également saluer la production extrêmement soignée, qui glisse comme une sucrerie, simple et sans arrière-goût.

Madelgaire réussit ainsi un toilettage en règle des recettes qui ont fait la gloire du rock progressif : errements champêtres, ponts aux claviers et narrations sans trop d’esbroufe dramaturgique. Seule l’alternance du chant en anglais et en français peine à convaincre totalement. C’est dans les effets instrumentaux que ce disque se déguste, et s’affirme comme une belle surprise de fin d’année.