Alexis Gideon - Video Musics II: Sun Wu-Kong

Sorti le: 15/11/2010

Par Aleksandr Lézy

Label: Africantape

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Lorsque sonne le glas, le samouraï fait son entrée sur scène. Le décor est planté : une adaptation d’un roman chinois du XVIe siècle, probablement le Voyage en Occident de Wu Cheng’en. Le héros n’est autre que Sun Wu-Kong, qui donne son nom à ce Video Musics II, déjà bien connu pour avoir été popularisé par le Japonais Akira Toriyama sous les traits de Son Goku.

Riche idée que de donner vie à ce personnage intemporel incarnant le singe intrépide, fort et espiègle. Alexis Gideon  possède ce goût du personnage aux multiples facettes et aime à le faire se mouvoir. Cette histoire risque bel et bien de faire à nouveau des émules. L’Américain incarne ainsi l’artiste hip-hop des temps modernes par excellence, en combinant musique et image. Rien à voir avec les hordes de « m’as-tu-vu » irrévérencieux au matériel désolant de pauvreté textuelle que compte le genre.

Ici, tout est art et envolées musicales aventureuses. Les beats ont été réduits à la portion congrue, les collages sont moins prononcés, et les constructions accompagnées de plus en plus d’instruments insufflent à l’œuvre un air frais requinquant. L’abstraction rôde néanmoins toujours autour de ces quarante pistes, et l’aide de certains de ses amis de la musique contemporaine amène fraîcheur et richesse dans les sons de batterie, au piano et à la guitare.

On constate une énorme évolution dans la diction et la manière de poser les paroles. Le dandy devient un véritable professionnel, alors qu’il apparaissait il n’y a pas si longtemps encore comme un amateur farfelu et talentueux composant pour son plaisir. Les variations de flow tout comme l’assimilation du chant à l’intérieur même de son phrasé surprennent par leur immédiateté.

La formule impose le respect pour cette quête qui entraîne le spectateur dans son univers décalé. Seule la longueur de cette histoire nécessite quelques temps pour apprivoiser la densité de l’album, un peu à la manière d’un Joe’s Garage de Frank Zappa, comparable dans la démarche : provoquer autre chose chez l’auditeur que la simple création musicale à chanter.

Video Musics II: Sun Wu-Kong prouve qu’Alexis Gideon se bonifie avec le temps, se perfectionne dans son inaltérable projet. En seulement deux petites années, il démontre de manière sûre et certaine qu’il est un véritable créatif et un grand visionnaire, impose une identité unique, un monde dans lequel il fait bon se promener et s’évader, en son et en estampes.