L'Escouade - Confidences de mouches

Sorti le: 22/07/2010

Par Christophe Gigon

Label: autoproduction / Muzilus (VPC)

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Voilà enfin le premier album de L’Escouade, jeune formation helvète menée depuis 2007 par le charismatique chanteur Pierre-Yves Theurillat, officiant notamment comme vocaliste de Galaad, et dont la sortie de Vae Victis  en 1996 avait permis de recueillir de jolis suffrages en matière de textes et de pose de voix.

Pyt et sa bande proposent un rock folk francophone de grande qualité qui doit davantage à Malicorne, Noir Désir, Alain Bashung et son Bleu Pétrole qu’à Ange ou Genesis. L’exigence musicale et le raffinement des arrangements n’ont ici d’égale que la beauté rare des mots qui confine parfois au sublime ( « Bibi », « Le coeur pur »). Le long passage à vide vécu par le parolier entre l’implosion de son groupe d’alors et sa résurrection artistique avec ses nouveaux compagnons de route constitue le matériau de l’essentiel des écrits de ces treize titres à la poésie accessible et faussement facile.

Ces Confidences de mouches sont donc autant de « comptines » tantôt douces (« Ecoute »), tantôt enlevées (« Un mois de mai », « Traverser les bois » aux faux airs de « La nuit je mens » du regretté Bashung), toujours émouvantes et si fortes. « Le regard dans le carreau » introduira l’auditeur dans ce monde envoûtant avec quelques arpèges qui sembleraient assez convenus jusqu’à ce passage musical magique qui transportera les amateurs de rock mélodique vers de délicieuses contrées où le mellotron, instrument fétiche s’il en est, vient faire une discrète mais parfaite apparition.

La précision du son et l’équilibre général des harmonies forcent le respect et si quelques titres s’avèrent moins captivants, plus faciles, plus « commerciaux » pourrait-on dire (« Chance », « Elle a »), ils n’en toucheraient pas moins un coeur de cible sur les grandes ondes hertziennes par leur accessibilité et leur très grande tenue artistique.

Pourtant, le coup d’essai de ce petit groupe suisse sort en auto-production et n’est disponible que sur leur page MySpace ou sur des sites de ventes en ligne marginaux. Dommage pour le peuple qui passera certainement à côté d’un des plus beaux disques chantés en français depuis longtemps. Tant pis également pour les fous de Galaad qui ne verront en cette petite galette que sucreries printanières. Tant mieux pour les quelques autres qui n’en croiront pas leurs oreilles d’entendre de si marquantes histoires.