Calva / Io Monade Stanca - Split

Sorti le: 31/05/2010

Par Mathieu Carré

Label: A Tant Rêver du Roi

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Profitant de la vague porteuse du disque microsillon, le duo français Calva et la formation italienne Io Monade Stanca s’associent pour un disque partagé entre leurs univers. Avec une face dédiée à chaque groupe, ce stimulant Split permet de découvrir deux formations pour le prix d’un seul et bel album qui pourrait convaincre quelques réticents à revenir au format originel, tant par la qualité de la musique que de l’objet en lui-même, d’un séduisant vert émeraude.

Le rock rêche de Calva (Arnaud Millan, déjà repéré au sein de TeTsuo à la guitare, et Stéphane Sapanel à la batterie) va droit au but, et ce malgré quelques artifices et enluminures de synthétiseurs et de vocoder : une ligne directrice nette, des lignes de chants simples et directes. Le math-rock est ici réduit à son essentiel, une musique très rythmique, composée pour la scène, qui s’impose d’elle-même. Bien mis en valeur par le travail attentif de Miguel Constantino, qui a réussi à rendre leurs compositions compactes et solides, Calva, sans révolutionner un genre ni une formule très usitée ces derniers temps, atteint néanmoins son objectif en délivrant une musique à la fois puissante et limpide.

Sur la deuxième face, Io Monade Stanca, s’ils possèdent le même enthousiasme communicatif que leurs homologues hexagonaux ont en revanche plus de mal à canaliser leur énergie. Car ce qu’ils nomment eux-mêmes leur « 4 Brains and 40 Fingers Big Band », où un Jumbo Organet (?!) au timbre enfantin vient accompagner un trio d’obédience expérimentale plutôt nerveux (deux guitaristes et un batteur), s’avère assez déstabilisant. Le contraste singulier des sonorités, souvent plaisant, mais aussi assez rapidement redondant, donne un air de grand cabaret un peu foutraque à l’ensemble.

Aussi désordonné et agréable qu’un rêve sans queue ni tête où un joueur d’orgue de barbarie viendrait pointer son bastringue sans aucune raison valable pour accompagner une chaîne de montage industrielle, l’expérience étonne. Sensitifs et improvisés, les trois morceaux à rebondissements de Io Monade Stanca font vibrer d’autres synapses, parlent à l’intuition et à l’empathie de l’auditeur, à son imagination aussi, et complètent idéalement le travail des Palois de Calva.