Ventura - We Recruit

Sorti le: 17/05/2010

Par Jean-Daniel Kleisl

Label: Africantape

Site:

Sans faire de grandes vagues, les albums de qualité voient le jour avec une régularité d’horloge ces derniers mois en Romandie, entre le post-rock des Monkey3 et Bandini, le metal des Sybreed et This Misery Garden, sans parler des terrifiants Lost Sphere Project, Yverdoom et Kruger. Au tour de Ventura de publier une deuxième galette bien chamarrée d’un rock indie sévèrement burné et dépressif.

Après une participation remarquée à la musique du film Rollow d’Emmanuelle Antille en 2005 et deux Split EP en compagnie de Disco Doom et Cortez, le power trio vaudois avait déployé l’artillerie lourde avec un Pa Capona digne d’éloges (et dont on vous avait touché un petit mot ici). Outre leur collaboration en 2008 avec John Sars, Ventura sort coup sur coup We Recruit, son second album donc, et une collaboration deux titres avec David Yow, le chanteur de The Jesus Lizard et Qui, entre autres.

Passé le plaisir des premières écoutes, We Recruit apparaît moins fouillé que son prédécesseur et surtout moins varié. Le propos est clairement plus direct (« With Ifs »), proche d’un Helmet ou d’un Sonic Youth. Le mur guitare et basse est dans l’ensemble impressionnant, soutenu par un fondement rythmique très solide. Guère étonnant, car Ventura est composé de musiciens expérimentés, ayant sévi dans des ensembles de la trempe de Illford, Iscariote, et surtout le mythique Shovel, dont ils reprennent les aspects les plus sombres.

Pourtant, il persiste un goût d’inachevé. La plénitude de Pa Capona n’apparaît que sporadiquement au cours de ces quelque quarante minutes, même si de délicieux moments à la Shellac sont bien présents (« Twenty Four Thousand People »). Certaines compositions ont tôt fait de saturer après une introduction faussement calme (le très lourd « Will Kill For Love »). Il n’y a pas à proprement parler de faux pas, mais il n’y a pas non plus de pièces qui émerveillent. A tel point que le meilleur enregistrement, non disponible sur l’album, se révèle être « It’s Raining on One of My Islands » avec David Yow. We Recruit est un disque solide, également dans sa production, mais trop monolithique dans sa noirceur cynique. Un peu de folie que diable !