Chimp Spanner - At the Dream's Edge

Sorti le: 12/05/2010

Par Nicolas Soulat

Label: Basick Records

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La sphère du metal progressif est en train de s’élargir. Une nouvelle scène sur le point de voir le jour envoie l’un de ses meilleurs représentants : Paul Antonio Ortiz. Cette mutation entreprise depuis la naissance de Sikth et autres Textures s’accélère à une vitesse exponentielle. Sous la houlette de maisons de disques comme Summerian Records et Basick Records, beaucoup de formations ouvrent des portes que bon nombre de leurs prédécesseurs n’ont malheureusement jamais aperçues.

Chimp Spanner arbore fièrement les couleurs de ce renouveau dans une verve des plus créatrices, conjuguant guitares gutturales et ambiances cinématographiques. Empruntant aux inébranlables Meshuggah pour les polyrythmies, tout en s’affranchissant du coté trop mathématique au profit de l’efficacité, les compositions suivent une partition d’orfèvre à l’instrumentation parfaitement maîtrisée. Mais l’atout principal vient d’ailleurs : il ne s’agit pas de la production, d’une clarté exemplaire et qui scelle une alchimie spectaculaire. Il ne s’agit pas non plus de la sensibilité mélodique qui aguiche les sens telle une sirène galactique en armure. Autant vendre la mèche : les claviers se taillent la part du lion.

De quoi réconcilier n’importe quel frustré des années quatre-vingts avec son siècle, et de quoi donner quelques cauchemars inoubliables à certains claviéristes perdus dans de noirs nuages. Impossible de ne pas se laisser entraîner vers ces abysses cosmiques en écoutant « Ghosts of the Golden City », qui déploie une palette synthétique luxuriante aux accents touchants et emphatiques. Tantôt en mode jazz fusion, tantôt plus accessibles, les thèmes sont délicatement ciselés, voire même fondus en pleine rythmique alors que les lead épousent avec finesse des couleurs toujours plus chatoyantes.

Autant les oreilles baignent dans un style qui possède ses codes, autant ceux-ci sont revisités à la sauce du XXIe siècle. Un travail somptueux, surtout quand on sait que Chimp Spanner s’octroie quelques jams avec les membres de Periphery. On est en droit d’espérer une longue vie à cette jeune scène qui reprend les affaires là où d’autres les ont laissées.