Judgement Day - Peacocks / Pink Monsters

Sorti le: 31/03/2010

Par Fanny Layani

Label: Autoproduction

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Lorsque des musiciens classiques s’ennuient durant leurs études instrumentales, les conséquences sont parfois imprévisibles ! Apocalyptica avait déjà donné l’exemple venu du froid ; c’est maintenant à trois musiciens installés à San Francisco de prendre le relais : Anton et Lewis Patzner (violon et violoncelle) accompagnés de Jon Bush (batterie) dépoussièrent sérieusement le genre « string metal ».

Après un premier album publié en 2004 (si l’on excepte un mini-album acoustique enregistré en duo par les frères Patzner, aujourd’hui épuisé – et c’est bien dommage, tant on peut se demander ce que donnent un violon et un violoncelle « metal » non amplifiés et sans rythmique) et une phase de mise en suspens du groupe, Judgement Day revient avec Peacocks / Pink Monsters.

Le metal instrumental de ces trois mauvais garçons oscille étrangement et se promène d’un genre à l’autre. On n’échappe évidemment pas à une relecture du son de la Bay Area : une pincée de Slayer par-ci (« Cobra Strike »), une touche de Metallica par-là (le second riff de « Zombie Rodeo Clown »), le tout enrobé dans un son plus germanique, proche de celui d’Apocalyptica, ce qui relève d’un choix de production, et non d’une simple similitude de timbres.

En revanche, les passages les plus strictement metal ne sont pas les plus intéressants, bien qu’ils soient la preuve d’une technique – d’archet – impressionnante. Ce sont en fait des passages plus barrés, aux rythmiques percutées, comme l’illustre la première partie de « Zombie Rodeo Clown  » encore une fois, ou des atmosphères mi-étranges mi-torturées qui évoquent parfois Tool, qui (r)éveillent l’attention (« Improvisation », agréablement hypnotique). Certaines tentations gentiment post-rock (« The Constant ») sont également bienvenues.

Judgement Day maîtrise autant le crin colophané que l’art de la communication (voir les fausses vidéos promotionnelles de Violin Hero sur leur site), mais cela ne suffit malheureusement pas à maintenir l’attention sur la durée. Au final, la formule musicale tend à s’user, et l’enchaînement de « Klagenstuck » à « Excelsior » prend au fur et à mesure des écoutes de plus en plus l’allure d’un morne tunnel, uniquement éclairé par le doux « The Constant ».

Les compositions peuvent être mises en cause, notamment sur l’uniformité mélodique et structurelle et le manque d’aspérités rythmiques, mais surtout, malgré les multiples effets utilisés, Peacocks / Pink Monsters souffre d’un aspect trop monocorde (pourtant, à eux deux, ils en ont huit !) et trop peu varié dans les timbres. C’est finalement avec un goût de trop-peu que l’on quitte le disque, et l’envie modérée d’y retourner.