Eversin - Divina Distopia

Sorti le: 05/03/2010

Par Marjorie Alias

Label: My Kingdom Music

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C’est au début des années deux milles que le premier projet musical des têtes pensantes Ignazio Nicastro et Giangabriele Lo Pivato voit le jour. Sous le nom de Fvoco Fatvo, et alors rejoint par le chanteur Angelo Ferrante, le trio sort trois albums influencés par le techno thrash progressif des Nevermore et autres Annihilator ; du beau linge pour modèle et l’envie d’en découdre et se faire une place sous le soleil de la scène italienne et au-delà. Rebaptisé Eversin, la bonne volonté des Transalpins peinent cependant à se faire ressentir encore aujourd’hui. Avoir de l’ambition, c’est bien. Réunir suffisamment de forces et de moyens pour en assurer la concrétisation, c’est mieux.

Si Divine Distopia débute agréablement, avec une bonne introduction somme toute classique dans laquelle les breaks de batterie suivis d’enchaînements de riffs laissent place à un rythme de croisière en mid tempo suffisamment massif pour faire naître une envie d’headbanguer, c’est alors qu’entre la voix… qui se placera d’emblée dans la catégorie unique mais peu convoitée des timbres qui provoquent invariablement haussement et/ou froncements de sourcils, avec sourire (figé) en option.

C’est ensuite que s’illustre un équilibre fragile renforcé par cette nette impression que les ingrédients ne parviennent pas à se mêler, se dépréciant l’un l’autre au lieu de s’unir dans une alchimie musicale. La grande majorité des titres se retrouve invariablement dans un schéma douloureusement formaté où l’on attendrait, si ce n’est de l’expérimentation, au moins une personnalité cohérente. L’intérêt des premières secondes intéressantes chute dès l’entrée du chant désagréable et parfois à la limite de la parodie, sans oublier les conclusions hâtives qui laissent dubitatif, entre bâclage et fondus rapides, à l’image du dernier titre « In My Dreams They Live ».

Les bonnes idées ne désertent pourtant pas le travail de composition, avec notamment des passages qui tirent temporairement l’ensemble vers le haut, en témoignent les breaks mélancoliques (« Wings Ov Tears ») ou heavy dans le sens premier de lourdeur et de puissance, avantageusement appuyés par des claviers et soli de guitares assez efficaces. Si Divina Distopia souffre de nombreuses maladresses, il n’en demeure pas moins un effort honnête, qui intrigue finalement autant qu’il rebute. Les musiciens d’Eversin prouvent malgré eux que l’envie de bien faire ne permet pas toujours d’obtenir l’effet escompté…