Shadow Gallery - Digital Ghosts

Sorti le: 09/11/2009

Par Dan Tordjman

Label: InsideOut Music

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Depuis Carved in Stone en 1995, l’annonce d’un nouvel album de Shadow Gallery a le don de faire jaser. C’est d’autant plus le cas cette fois, suite à la tragique disparition de Mike Baker. Dès la nomination de Brian Ashland en tant que successeur désigné au poste de chanteur, discussions et spéculations se sont faites très insistantes, en raison d’un style vocal qui tranche assez nettement avec celui de son regretté prédécesseur. Énergique et agressif, s’il rappelle par moments Tobias Sammett (Edguy), Ashland est avant tout marqué par l’influence de Geoff Tate (Queensrÿche), notamment dans les intonations et l’attaque des notes aiguës.

Le propos musical des musiciens d’Allentown ne fait pas d’infidélité à sa ligne de conduite habituelle, et il faudra de nombreuses écoutes pour assimiler les subtilités de Digital Ghosts. Mais le groupe ne commencerait-il pas quelque peu à s’essouffler ? Certes, les parties vocales grandiloquentes rappelant les heures glorieuses de Queen sont toujours présentes, pour le plus grand plaisir de tous ; de même, Brendt Allman et Gary Wehrkamp régalent la « Galerie » en distribuant avec classe des soli toujours aussi bien construits.

Pour en revenir à Gary Wehrkamp, ce dernier a pris davantage de poids au sein du groupe, chaperonnant avec Brendt Allman la composition et la production de ce nouvel album. Comme si cela ne lui suffisait pas, il s’est également chargé – avec une certaine réussite – de la batterie, et la contribution de Joe Nevolo est de facto réduite à la portion congrue, sur « Venom » et « Gold Dust ». Quelques invités pas piqués des hannetons sont également conviés à rejoindre la fiesta sur Digital Ghosts : Ralf Scheepers (Primal Fear), Clay Barton (Suspyre), Srdjan Brankovic (Expedition Delta) et – surprise – le claviériste français Vivien Lalu, qui se fend d’un sublime solo sur « Gold Dust ».

Malgré toutes ces belles choses, la production vient en revanche gâcher à nouveau un travail de longue haleine. L’investissement dont il fut l’objet, compte tenu du décès de Mike Baker, est revu à la baisse, avec un son à nouveau étouffé, qui ne rend pas grâce aux compositions et les prive surtout de puissance. On pouvait rêver mieux en guise d’hommage, surtout après avoir cru Shadow Gallery mort et enterré. Mais n’en déplaise aux plus tatillons, la mémoire du camarade absent est bel et bien célébrée, d’autant que l’édition spéciale du disque comprend les deux dernières démos enregistrées par le défunt chanteur. N’y a-t-il pas là plus belle marque de respect, ni plus bel adieu ?