Parzivals Eye - Fragments

Sorti le: 17/09/2009

Par Jérôme Walczak

Label: Red Farm Records

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Chris Postl est allemand, bassiste, et lorsqu’il ne monte pas de projets en solitaire, il œuvre avec brio au sein de la formation néo-progressive RPWL, bien connue pour ses incursions pop et ses joyeuses ritournelles qui suscitent en général un enthousiasme plus que mérité. The RPWL Experience et ses élucubrations dignes de Pink Floyd valent notamment le détour.

Parzivals Eyes reste quant à lui un projet qu’on ne peut qualifier de solitaire. Interviennent en effet nombre d’invités prestigieux : Christina Booth (Magenta), Alan Reed (le sémillant comparse de Clive Nolan dans le kitschissime projet Caamora, chanteur de Pallas de son état), mais aussi Ian Bairson d’Alan Parson. C’est du compact et sans ambages ; ainsi, autant le préciser avec netteté, cet album tient la route. Les climats d’ensemble peuvent évoquer Genesis, mais Postl a l’intelligence – ou le talent, c’est selon – de ne pas sombrer dans les dérives clonesques et inutiles (cf. The Watch, l’un des groupes les plus superfétatoires de ces dix dernières années).

La grande force de ce travail réside dans des arrangements soignés, parfois un peu trop mécaniques, mais d’une propreté évidente. « Skylight  » est à ce titre une véritable réussite : les ambiances y semblent tout droit puisées dans Nursery Crymes avec toutefois un véritable son du XXIème siècle, qui ne lasse pas de s’écouter. Il est également à saluer l’extraordinaire (les mots sont pesés tant la chose résonna en boucle de façon quasi névrotique dans la cour intérieure de l’immeuble du rédacteur) « Disguise », simple dans sa construction mais avec un refrain si entêtant et une rythmique de basse si percutante (qui évoque autant que bizarrement, « La Gare de Troyes » de Ange), qu’on rêverait de le voir en tête des charts ; un titre suffisamment dansant et sautillant pour faire son petit effet : les claviers tenus par Yogi Lang s’éparpillent en mille éclats et s’évertuent à nous faire esquisser un sourire permanent.

D’autres morceaux puissants doivent également être retenus, dignes des meilleurs RPWL (sans doute meilleurs que certains RPWL eux-mêmes) tels que les treize minutes de « Longing Ends », et c’est presque une déception de constater que l’ultime piste, « Another Day  », est issu du groupe originel joué… par le groupe originel, qui arrive un peu comme un album promo dont on n’aurait su que faire… Dans tous les cas, Chris Postl fait montre d’un indéniable talent en solitaire et devrait sérieusement réfléchir à une carrière toute en liberté : il en a la carrure, la créativité et son carnet d’adresse devrait lui permettre, sans trop de problèmes, de réussir à renouveler cette superbe expérience.