The Remote Viewers - Sinister Heights

Sorti le: 12/08/2009

Par Christophe Manhès

Label: Autoproduction

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On les avait quittés en 2007 sur une belle gamelle. Etalé sur cinq disques, Control Room relevait d’une tentative de création musicale éprouvante et d’une prétention rare. Les funambules de The Remote Viewers étaient alors bien décidés à fréquenter de nouveaux horizons expérimentaux sans les étonnants vocaux de Louise Petts, qui ajoutait à leur discographie antérieure un vrai magnétisme. Bref, une mauvaise tambouille particulièrement stérile et plombée par la complaisance.

Forcément, dur de ne pas rester sur la défensive avec Sinisters Heights qui constitue pourtant une bonne surprise. Ces Anglais qui triturent le jazz d’avant-garde, comme d’autres leur chewing-gum, ont su tirer les leçons de leur précédente mésaventure et ont engendré cette fois-ci un double album (ouf !) nettement plus convaincant. Tous instrumentaux, les titres parviennent enfin à envoûter de leurs atmosphères inspirées par le cinéma noir et blanc des vieux polars.

Adrian Northover et David Petts, qui forment le duo de souffleurs, ont visiblement bossé comme tous bons artistes, en coupant, triant et condensant leur musique pour ne garder que le plus pertinent. Ils ont en outre conféré une chaleur acoustique bienvenue et admirablement mise en valeur par une autoproduction au son claire et naturelle. L’emploi très snob des boîtes à rythme de quatre sous a donc disparu pour laisser place à d’authentiques percussionnistes capables de rendre attentif à l’austérité inquiétante de l’album.

Les deux parties sont néanmoins assez différentes. La première, intitulée Time Flats, joue sur le rythme et la coloration alors que le second, Mirror Meanings, s’avère plus difficile, sinistre et provocant. Chacun prendra selon ses affinités. Certes, les progressions chromatiques monomaniaques des saxophonistes en agaceront plus d’un. Il faut reconnaître toutefois que la formation a su évoluer dans le bon sens en créant un monde polymorphe toujours aussi radical et personnel, à la sensibilité clairement moins arrogante, pour ne pas dire plus accessible. Les amateurs d’expériences jazz pourront y jeter une oreille intéressée.