Nick Fletcher - Cathedral of Dreams

Sorti le: 30/07/2009

Par Nicolas Soulat

Label: Open Sky Records

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« Cet enregistrement (…) a été écrit, improvisé et exécuté par le guitariste classique Nick Fletcher ». Voici une mise en condition au dos de l’album qui a le mérite de clarifier les choses avant même d’avoir pu s’asseoir. Certes, il s’agit d’un disque aux racines en partie ancrées dans le jazz, et bien évidemment l’exercice d’improvisation s’avère un standard voire un passage obligé dans ce style musical. En revanche, parvenir à camoufler ces escapades de telle sorte qu’il est quasiment impossible à l’auditeur de les distinguer au sein des compositions relève du génie.

Ce fier quinquagénaire soigne avec attention ses mélodies délicates aux accroches accessibles et développe un sens de l’improvisation particulièrement aiguisé qui épouse parfaitement la couleur des thèmes. Gageons qu’il s’agit d’un album studio et qu’il est de plus en plus simple de nos jours de feindre l’authenticité ; mais la technique de Nick Fletcher semble l’autoriser à toutes les transgressions. En véritable maître d’œuvre, le coté instrumental est parfaitement géré et conduit l’auditeur dans un tendre voyage sans escales au pays du baroque, de la fusion et du flamenco sans lassitude aucune. Tell Loïs aux cotés de Superman, la fragilité de l’expérience renforce le lien développé avec l’instrumentiste qui se charge de nous conter le monde dans toute sa splendeur avec conviction et empathie.

Les dernières minutes se concluent sur une approche dramatique en accueillant des ambiances orchestrales parfaitement négociées et surtout brillament écrites. La collaboration avec Dave Bainbridge apporte une dimension supplémentaire et permet aux ultimes secondes de l’album de clore un périple fascinant où l’imagination n’est même plus nécessaire. Quel dommage que cette pièce finale en quatre parties n’ait pas eu l’audace (ou plutôt les moyens) d’épouser de véritables pupitres sans laisser la charge organique du travail à une courageuse flûte et à de bien solitaires percussions. Ce petit arrière goût disparait néanmoins et parvient finalement à titiller les sens de quelques nostalgiques d’une certaine « Terre Sainte » brésilienne partageant les mêmes couleurs orchestrales synthétiques mais ô combien chatoyantes.